Les Power Rangers ont toujours été synonymes de créativité, de folies, de liberté et, surtout, d’aventures tordues, peu importe les limites de notre logique, ou du quelque peu de réalisme qu’il reste au genre fantastique ou à la science-fiction. Les choses ont bien changé, puisque cette nouvelle version de la populaire franchise, adaptée visiblement pour les jeunes adultes d’aujourd’hui, est tellement formatée et torturée qu’on se demande longtemps où diable est passé le plaisir d’antan.
À l’image de tout ce qui se fait ces temps-ci ce reboot de la franchise est certainement trop sérieux pour son propre bien n’en déplaise à quelques tentatives d’humour et de catchphrases qui manquent définitivement de punch. Après tout, quand le running gag le plus hilarant est celui involontaire et risible du Krispy Kreme, il y a de quoi se poser de sérieuses questions!
Puisque voilà, ce nouveau Power Rangers réalisé par Dean Israelite, celui-là même derrière le pitoyable Project Almanac, a tellement peur de ses origines qu’il a plutôt envie de les remodeler à part entière au risque de ressembler à tout plein d’autres échecs, comme le reboot risible de Fantastic Four qui viendra rapidement en tête. Ainsi, on y amène des origines extra-terrestres qui apporteront une tout autre dimension à l’entreprise avant d’y mêler une galerie de personnages délaissés et perdus qui devront trouver un sens à leur vie en devenant sauveur de la Terre. Ça semble peut-être cool sur papier, mais c’est définitivement moins convaincant à l’écran. Et puis l’incertitude continuera de planer alors qu’on passera son temps à invoquer d’autres franchises et superhéros définitivement plus accomplis que ceux présentés ici.
Peut-être parce que le scénario confié au scénariste caméléon John Gatins (on lui doit Coach Carter, Flight, et même Real Steel!) a dû se baser sur l’histoire du quatuor le plus improbable, soit du duo derrière des navets tels Gods of Egypt et Dracula Untold, et celui derrière l’attendrissant Paperman et l’excellent Sherlock Holmes: A Game of Shadows. Ainsi, on divague entre scènes improbables et moments d’action vitaminée vers des passages beaucoup plus personnels et intimes qui cadrent difficilement à l’ensemble qu’a envie d’en faire Israelite avec son montage pop et sa succession de succès musicaux qui puisent partout, même dans du Explosions in the Sky qui donne droit néanmoins à un beau moment avec la pièce The Ecstatics.
Pourtant, comme l’a montré Marc Webb avec ses mésestimés Amazing Spider-Man, il y a moyen de rajeunir des franchises de belle manière, mais ici, c’est si peu inspirant que ça en devient peu palpitant. Oui, c’est aux limites de l’écoutable parce que le rythme est plus ou moins assuré, les jeunes ne sont pas les plus mauvais, ni les moins charismatiques qu’on ait eu la chance de voir, il y a Elizabeth Banks qui en fait des tonnes dans le rôle de Rita Repulsa, on a le temps de se désoler de la présence trop limitée du pourtant toujours hallucinant Bryan Cranston, mais surtout, il y a aussi le toujours délirant Bill Hader, simplement parfait dans la voix du robot Alpha 5.
Pour le reste, on se verra en train de soupirer à nouveau face à tous ces dollars dépensés pour faire revivre la nostalgie qui se fait plutôt détruire toujours un peu plus à chaque essai. Bien dommage pour les nouvelles générations qui ont certainement du mal à expérimenter le plaisir avec la même naïveté qui nous était offerte jadis.
4/10
Cette nouvelle adaptation des Power Rangers prend l’affiche en salles ce vendredi 24 mars.