Tout près de La Malbaie, dans Charlevoix, se trouve l’un des plus beaux jardins du monde. Méticuleusement conçus et entretenus par Frank Cabot, ses proches et quelques conseillers, les Quatre Vents sont un microcosme de la beauté de la nature, et le documentaire Le Jardinier, premier long-métrage de Sébastien Chabot, réussit à en saisir la substantielle moelle.
Atteint d’une maladie pulmonaire dégénérative, Frank Cabot a passé l’arme à gauche en 2011. Avant de mourir, toutefois, il a trouvé le temps de parler de son rêve, ce morceau de paradis sur terre qui s’étend sur plus de huit hectares. Attiré par la beauté du monde, Cabot s’est largement inspiré d’idées glanées ici et là, y compris lors de ses voyages, pour mener à bien le travail de toute une vie, qui s’est étendu sur une quarantaine d’années.
Ayant hérité de la gigantesque demeure familiale, l’homme a donné naissance à un parcours rassemblant des influences anglaises, françaises, scandinaves, voire même chinoises et japonaises. Alors qu’ils déambuleront entre les allées vertes ou couvertes de fleurs, les rares visiteurs privilégiés passeront ainsi d’un univers à un autre, qu’il s’agisse de s’évader dans le « nid d’amour » du pigeonnier à la française, de prendre le thé dans un bâtiment construit avec des méthodes et des matériaux importés du Japon, ou encore de franchir les ponts de corde pour parvenir au petit pavillon à musique, en toute fin de parcours.
À travers ce documentaire contemplatif, le cinéphile explore ce qui est probablement le secret le mieux gardé de cette région déjà magnifique. Autant d’idées, d’influences et de courants réunis en un seul endroit pourraient donner l’impression de se télescoper, de jurer, mais il s’en dégage plutôt une unicité, une plénitude, le sentiment que l’oeuvre est complète. Après tout, pourquoi s’en tenir à un seul style?
On termine le visionnement du Jardinier reposé, transporté, rasséréné. On a envie de cesser de fixer des écrans d’ordinateur pour plutôt plonger les mains dans une terre noire et nourricière pour tenter d’y faire pousser quelque chose. Le résultat ne sera probablement pas à la hauteur des Quatre Vents, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas nécessaire d’ajouter du vert, du bleu, du rose, du blanc à un monde désespérément gris.
Le Jardinier sera présenté aux cinémas Beaubien et Du Parc dès ce vendredi 17 mars.
https://vimeo.com/206253368