Piètre excuse pour être le nouveau Slap Shot, on avait néanmoins apprécié avec réserves le premier Goon pour sa simplicité, sa certaine réflexion sur la violence au hockey et son désir d’originalité. Par contre, jamais au grand diable n’avons-nous pu penser une seule seconde avoir besoin d’une suite à cette chose qu’on avait sommes toutes déjà oublié. L’arrivée imminente de cette suite indigeste confirme rapidement toutes nos appréhensions.
Né dans la controverse d’une affiche, le personnage vulgaire de Jay Baruchel (qu’il ne manque pas, avec malheur, de ramener l’histoire de quelques scènes) passe cette fois derrière la caméra pour permettre à l’acteur de livrer sa première réalisation. Cosignant à nouveau le scénario mais avec le nouveau venu Jesse Chabot plutôt que le bien plus talentueux Evan Goldberg, la franchise perd rapidement le peu de personnalité qu’elle avait, la réalisation davantage punchée de Michael Dowse manquant cruellement à l’entreprise, lui qui a judicieusement choisi de suivre Baruchel dans la télésérie Man Seeking Women plutôt que dans cette pathétique tentative de faire un coup de fric.
Ainsi, Goon: Last of the Enforcers devient rapidement la rencontre de tous vos pires cauchemars téléfilmesques et du cinéma canadien-anglais réunis. Pris dans ce désir d’être gentil et naïvement touchant, en plus de saupoudrer le tout avec cette incapacité de vraiment donner dans le vulgaire qui fait vraiment rire, le film s’handicape également d’un manque de moyens évident qui donne droit à des raccourcis scénaristiques et techniques tous plus pitoyables les uns des autres.
En décuplant la violence à un point carrément risible (bonjour les poches de sang qui éclatent), le film n’a plus vraiment de profondeur ou de psychologie même s’il pense que dans sa réflexion entre suivre sa passion et ce qui compte selon les standards de la société, il touche les bonnes cordes sensibles. Le fait est que même si la tendre Alison Pill, ex-conjointe du cinéaste, se retrouve avec un rôle ingrat dans celui de la future mère qui ne sait plus quoi penser de son copain aux aptitudes limitées et que, tout comme au premier film, Sean William Scott épate la galerie dans son aisance époustouflante dans cet affectueux rôle à contre-emploi, leurs performances convenables se retrouvent enterrées dans un interminable long-métrage qui ne sait plus où donner de la tête pour attraper notre intérêt. Comme quoi on aura bien du mal à parler de tous les autres rôles stéréotypés au possible où des acteurs de renom comme Liev Schreiber, Elisha Cuthbert, notre Marc-André Grondin national et même le nouveau venu Wyatt Russell, auront bien du mal à prendre leurs aises.
Il y a donc bien plusieurs sous-histoires ici entre un lock-out, une rivalité, une blessure, une tentative de changement de carrière, une équipe à sauver, le désir d’avoir l’acceptation du père, alouette, mais tout, mais vraiment tout, sera tellement forcé pour un résultat si peu convaincant qu’on aura vite envie d’abandonner bien avant la fin. Comme quoi, vouloir tout faire, mais encore plus gros est bien beau, mais si on ne sait pas comment s’y prendre disons que ça paraît assez rapidement et ce n’est jamais très gagnant à endurer.
Ne cherchez donc pas à sauver le tout. Cette suite de Goon est un immense ratage au plus insupportable qu’on aurait pu l’imaginer. Trop long, trop ennuyant, trop agaçant, il n’y a rien à y trouver, même pour les amateurs du sport, du premier film ou de quelqu’un qui fait parti du projet. À éviter.
3/10
Goon: Last of the Enforcers prend l’affiche en salles en version originale anglaise et version traduite en joual québécois ce vendredi 17 mars.