Martine Ouellet est maintenant la 5e chef du Bloc Québécois, deux jours après le dépôt de sa candidature officielle.
Élue par acclamation le 14 mars, elle a annoncé qu’elle voulait défendre la souveraineté du Québec à Ottawa et ce, en direct de la tribune de la presse à l’Assemblée nationale, alors qu’elle se trouvait au parlement en tant que députée provinciale de Vachon. Vous vous dites: « Je ne connais pas trop les règles, mais il me semble que ça sonne bizarre? » Et bien, c’est ce que tout le monde se dit, sauf Madame Ouellet.
Défendre les intérêts du Québec à Ottawa en direct de l’Assemblée nationale.
En politique, tout est une question de perception. En tant qu’élue, maintenant indépendante de surcroît, Madame Ouellet peut bien défendre tous les dossiers qu’elle veut, nous sommes d’accord sur ce point. Cependant, la perception du public pour le moment est surtout que Martine Ouellet garde son siège à l’Assemblée comme back-up en attendant 2019. On a beau chercher une raison plus noble, aucune ne tient vraiment la route. La réalité, c’est que le Bloc québécois ne peut pas lui offrir les mêmes ressources que celles dont elle bénéficie au parlement provincial. Elle a un bon salaire, deux bureaux, du personnel et, surtout, une tribune. Cela aide évidemment à son rayonnement. Ce qui est d’autant plus douteux, c’est lorsque Martine Ouellet se compare aux autres chefs de partis provinciaux. C’est là l’une des défenses les plus creuses entendues depuis longtemps. Non, être le chef d’un parti provincial et être député de ce même parti ne représente pas le même cumul de fonctions qu’être député provincial, exclu du caucus du parti sous lequel on a été élu, et chef d’un parti fédéral. Les enjeux sont différents, les électeurs sont différents, les partenaires sont différents, les collègues sont différents, les canaux de communications sont différents, et l’enceinte au sein de laquelle on siège est différente.
Embûches à prévoir
De plus, la valse du « je parle en tant que députée de Vachon », « je parle maintenant en tant que cheffe du Bloc » deviendra très bientôt handicapante. On le voit déjà d’ailleurs. Les députés des autres partis à l’Assemblée nationale questionnent de plus en plus les agissements de la députée. On se demande si elle utilise les ressources de l’Assemblée nationale pour mousser sa fonction au Bloc. Le Bureau de l’Assemblée nationale (BAN) s’est également penché sur le cas du communiqué conjoint (qui a été jugé comme une dépense illégitime et ne sera donc pas remboursé par les fonds publics). Fort est à parier que cette posture particulière de la députée deviendra rapidement un boulet. Chaque point de presse sera questionné, chaque dépense sera analysée et questionnée, chaque question en chambre recevra comme réponse une variation de « Bien nous, monsieur le président, ce qu’on aimerait savoir c’est si la députée nous parle en tant que chef du Bloc ou députée de Vachon ». On imagine déjà toutes les lignes que prépare Jean-Marc Fournier pour faire dévier le débat. La pression sera également forte sur le PQ. En se proclamant amie du PQ, Martine Ouellet augmente la pression sur ce parti. On veut savoir si Jean-François Lisée appuie ou désavoue madame Ouellet. Ce n’est probablement qu’une question de temps avant qu’il ne soit obligé de se prononcer.
Le travail de la députée à l’Assemblée nationale sera rapidement éludé par sa double fonction. La pression se fera de plus en plus forte pour la pousser à faire un choix entre le déclenchement d’une partielle dans Vachon ou une nouvelle course sans candidat vedette pour le Bloc. Si l’on se fie aux résultats de 2015 dans Longueuil-Saint-Hubert, où le Bloc est arrivé troisième, il se peut même qu’à force de vouloir être cheffe partout, elle se retrouvera députée nulle part.