Les accusations portées contre le sous-commandant Marcos et 12 membres de l’ Ejército Zapatista de Liberación Nacional (EZLN) ont été suspendues, d’après un communiqué du Consejo de la Judicatura Federal émis le 23 février 2016. Fumeur de pipe sous son passe-montagne noir, le chef zapatiste demeure une icône de l’altermondialisme et la lutte des Zapatistes, un modèle de résistance indigène local.
Au Sommet des Amériques en 2001, on pouvait se demander si c’était les chefs d’État ou les manifestants altermondialistes qui avaient pris d’assaut la ville de Québec. Un périmètre de clôtures « Frost » fixées sur des blocs de béton cernait le centre de la vieille capitale. Plus on s’en approchait, plus on sentait cette odeur aigre chimique. Les bourrasques de vent transportaient les gaz lacrymogènes qui brûlaient les yeux d’un bord comme de l’autre.
Sous un soleil chaud printanier, les Zapatistes ont livré un discours devant la foule. Peu comprenait l’espagnol, mais la plupart avaient entendu parler du sous-commandant masqué absent au Sommet.
Les accusations des autorités mexicaines lui ont probablement interdit l’accès au pays, tandis que les signataires de traités de libre-échange qui entraînent la délocalisation d’entreprises, des pertes massives d’emplois et qui déstabilisent les économies locales – aujourd’hui, on mesure les conséquences de ces décisions – étaient les bienvenues.
Le gouvernement mexicain les avait ignorés pendant des décennies les peuples indigènes de la région du Chiapas au sud du Mexique. Le sous-commandant Marcos a dirigé le 1er janvier 1994 le soulèvement armé de l’EZLN, afin d’exiger le respect des droits humains et politiques de ces peuples, rapporte EL PAIS du 24 février 2016.
« Nous, les Zapatistes, nous n’avons rien à offrir, pas de projets, pas d’argent, pas de promesses terrestres ou célestes. Nous avons seulement notre exemple. Vous vous organisez de la même façon, personne ne vous dit quoi faire, ni comment et quand le faire, vous défendez ce qui est à vous. Résistez, luttez, vivez », se dit-on entre Zapatistes afin de maintenir l’autogestion, d’après un communiqué publié par l’EZLN le 22 février 2016.
L’identité de celui qui dépassait d’au moins une tête les indigènes du Chiapas a été révélée par le gouvernement de l’ex-président Ernesto Zedillo en 1995. Avant d’incarner « El sub », il était professeur universitaire et se nommait Sebastián Guillén. Il a même déjà confié avoir travaillé au grand magasin El Cortés Inglés, l’équivalent d’un Archambault combiné avec un La Baie, et été vendeur ambulant à Madrid. N’empêche que les causes pénales à son endroit ne retiennent que son pseudonyme: le sous-commandant Marcos.
Le chef zapatiste a été accusé de crimes de sédition, de mutinerie, de rébellion, d’incitation au crime et de port d’arme à feu réservé à l’armée pendant 21 ans. L’accusation de terrorisme en février 1995 était la plus grave de toutes, il risquait 40 ans de prison au Mexique.
« Changer de voie, se vendre, se rendre? Jamais! », se conclut le communiqué de l’EZLN.