Depuis le temps, l’empire Disney connait son public mieux que jamais ce qui explique sans mal son enchaînement sans fin de succès. De toute façon, face à une recette éprouvée, la compagnie se contentera de dicter aux spectateurs ce dont ils auront envie, camouflant leur manque d’audace par une maîtrise technique époustouflante. C’est ainsi que Moana, leur plus récent « film de princesses » se contente de réchauffer le cœur, sans nécessairement trop travailler l’esprit.
On le sait, depuis son acquisition de Pixar, Disney est plus déterminé que jamais à retrouver leur stature dans le milieu de l’animation et leur plus récente victoire pour Zootopia dans les grandes cérémonies de prix leur donnera davantage de motivation pour multiplier leurs offrandes. Voulant profiter de l’incontrôlable succès qui a entouré Frozen, les voilà qu’ils décident de revamper à nouveau le film de princesses en s’appropriant une autre culture. Un peu comme ils l’ont fait jadis avec la Chine pour Mulan ou récemment l’Écosse avec Brave, les voilà qu’ils développent leur propre version de la culture polynésienne, avec beaucoup de recherche néanmoins à l’appui.
Le résultat, sans trop de surprises, demeure tout ce qu’on attend d’un film du genre avec une histoire peut-être un peu trop développée (à défaut d’être élaborée) du haut de ses 107 minutes qui s’avèrent un peu longues pour un long-métrage du genre. Surtout aussi parce que la tendresse n’est pas toujours à son plus fort et que les moments de pures folies ne sont pas aussi nombreux qu’on l’aurait voulu, le délirant Dwayne Johnson (qui a même droit à sa chanson!), reconnaissable d’entre milles sous les traits du demi-dieu Maui, n’apparaissant que bien longtemps après la captivante introduction.
Oui, il y a néanmoins un coq qui vole la vedette à chacune de ses apparitions, un charmant cochon et plusieurs références parmi lesquelles on compte Mad Max: Fury Road (!), mais les moments marquants manquent, tout comme un dénouement vraiment surprenant après tout ce long périple. Même la pièce Shiny, avec un Jermaine Clement dans un intrigant rôle secondaire, n’a définitivement pas l’étoffe pour être le nouveau Under the Sea. Il faut dire que si le scénario a été assuré par le coscénariste de Zootopia, Jared Bush, pas moins de sept personnes ont développé l’histoire, alors que la réalisation a été partagée par quatre personnes entre vétérans et nouvelles recrues, trouvant autant les gens derrière The Little Mermaid, The Princess and the Frog, Aladdin et Hercules, que Big Hero 6.
Cela pourrait sûrement expliquer pourquoi l’intérêt divague à gauche et à droite et qu’au final, si visuellement le film nage de splendeur en splendeur en s’essayant dans divers styles animés entre deux dimensions et trois dimensions, en plus de s’approprier un message féministe qui n’est pas inintéressant (c’est toujours un peu le même quand même alors qu’on recycle l’histoire de la princesse rebelle qui ne veut pas du titre qui lui est réservé), ne fait que bien peu de vagues malgré tout. Oui, les chansons sont souvent accrocheuses et la performance vocale de la jeune Auli’i Cravalho impressionne, mais d’une certaine façon on s’attendait à un peu plus que ce film qui finit par stagner sans jamais s’élever.
Comme toujours chez Disney, les suppléments sont plus que nombreux sur le disque Blu-Ray. Sur DVD on doit se contenter d’un vidéoclip pour l’entraînante chanson principale How Far I’ll Go, interprétée toutefois par Alessia Cara plutôt que l’interprète principale du film, d’une piste de commentaires audio et le sympathique court-métrage Inner Workings qui précédait le film en salles.
Parfait pour charmer les jeunes générations avec une jolie histoire, un festin visuel enchanteur, une histoire de complicité gagnante, de la musique et cette capacité de faire voyager, Moana a tout ce qu’il faut pour en faire un film classique de Disney. Dommage qu’on y note un certain manque d’ambition. Les autres préféreront probablement se rassurer avec l’universel La tortue rouge des studios Ghibli.
6/10
Moana est disponible en DVD, en combo Blu-Ray et DVD et en combo Blu-Ray 3D, Blu-Ray et DVD depuis le 7 mars dernier.