L’ONU estime à plus de 3700 le nombre de migrants noyés et portés disparus dans la mer Méditerranée, d’après Euronews du 16 février. Le cinéaste Morgan Knibbe a imaginé le parcours de l’âme errante d’un migrant noyé, qui visite ses semblables, dans le film Those Who Feel the Fire Burning projeté au Cinéma du Parc le 25 février dans le cadre du RIDM +.
La nuit, à l’aide d’une caméra à l’épaule, on se retrouve à bord d’une embarcation de fortune. On a du mal à voir, à comprendre ce que les gens paniqués se disent. Seule la mer agitée suit son cours. Puis, le protagoniste se fait éjecter. Il coule dans la noirceur. Un fondu nous perd dans ce noir mat. Une composition abstraite apparaît à l’écran. Une vue aérienne à trois hauteurs différentes de l’amalgame de points et de lignes lumineux se trouve à être la côte européenne.
Ce film est un croisement entre la fiction et le documentaire où la caméra subjective nous promène dans la réalité de l’Europe méditerranéenne. Le flottement de notre véhicule rappelle les films de Terrence Malick ou ceux de Gaspar Noé. Par contre, le réalisateur nous confronte à l’impasse bien réelle des réfugiés en provenance d’Orient et d’Afrique.
Une foule de réfugiés aux aguets attendent le long des trottoirs dans l’obscurité. Soudain, ils partent à la course, tous vers la même direction. On vient d’ouvrir la grille de sécurité de ce qu’on suppose être l’ambassade. Le garde les repousse avec son chien.
Quelques réfugiés se partagent la nourriture que contient une gamelle trop petite pour qu’ils mangent à leur faim. Ensuite, on les observe monter clandestinement à bord d’un navire. Se hisser le long des câbles est éprouvant. Ils sont déterminés.
On nous fait écouter une conversation téléphonique entre un réfugié et son amoureuse restée dans son pays d’origine. On sent la chaleur de leur relation nous faisant oublier la distance qui les sépare, mais la discussion ne tourne qu’autour de souvenirs et d’espérances.
La poésie de ce film se trouve dans l’exposition d’un présent transitoire, dans cet amalgame de vies humaines en quête d’une destination. La caméra subjective nous amène à prendre place aux côtés des migrants dans cette société nouvelle et étourdissante.
Le film Those Who Feel the Fire Burning était précédé du film Hotel 22 qui a remporté le prix du meilleur court métrage au Cinema Eye Awards. La documentariste Elizabeth Lo nous offre un billet pour le trajet d’autobus numéro 22 qui traverse la Silicon Valley en Californie. On s’assoit parmi les itinérants qui s’y réfugient pour se réchauffer et dormir pendant la nuit, à quelques lieux des entreprises de haute technologie.
Le cycle RIDM+ ( Docville ) offre aux cinéphiles, chaque jeudi du mois, de découvrir les documentaires ayant connu un grand succès aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) et de rencontrer les artisans du cinéma.
À surveiller…