S’il se la joue feel-good movie et biopic sportif dans les règles de l’art, un peu trop même par moment, Eddie the Eagle est un crowd-pleaser fortement fonctionnel qui s’assure de réchauffer les cœurs et de faire grossir le sourire au visage de ses spectateurs en se permettant de modifier ne serait qu’un tantinet les morales qu’on aime habituellement apposer aux histoires de ce genre.
Ode aux laissés pour contre, si l’on aborde avec énormément d’humour la vie a priori quelque peu pathétique du motivé et motivant Eddie Edward, un jeune homme désavantagé physiquement à qui l’on ne promet rien de bon, on ne cherche pas nécessairement à culpabiliser l’univers en entier pour l’avoir sous-estimé, mais bien à user de la morale pour démontrer que la persévérance a d’autres prix que la victoire. Comme quoi ici on surprend en scandant que ce n’est pas grave d’être le pire de sa catégorie, pourvu qu’on en fasse partie.
Ce vent de fraîcheur séduit avec cette histoire d’un homme dont le seul but et rêve était de participer aux Olympiques, coûte que coûte, même si c’était pour y arriver dernier. On se plaira alors à le montrer avec son bon vivant contagieux à essayer de trouver son sport, puis à s’offrir son propre entraînement pour se qualifier pour celui qu’il aura envie de chérir.
Au-delà des moqueries et des humiliations simplistes, mais attendues, on trouvera les flammèches nécessaires lorsqu’une amitié atypique (le classique) se tissera entre notre protagoniste et le cowboy blasé qu’est l’ancien athlète Bronson Peary. Si cela fonctionne autant, c’est à cause de la désinvolture irrésistible de Hugh Jackman qui présente une excellente chimie avec le brillant Taron Egerton. S’il est dur d’enlaidir ce dernier, il est définitivement impossible de lui enlever son charisme qui lui permet d’être aussi touchant qu’amusant dans le rôle-titre, fortement à l’image du véritable personnage.
À eux deux, ils forment un duo d’enfer qui traverse tous les obstacles. De plus, on peut compter sur une réalisation énergique qui malgré quelques choix plus discutables, pimente avec tonus le long-métrage, qui est lui-même ponctué d’une excellente trame sonore autant en compositions originales qu’en choix musicaux. Bien sûr, il y a plusieurs moments plus touchants et quelques baisses de régimes ici et là selon la courbe dramatique conventionnelle, mais il y a aussi la présence des vétérans Christopher Walken et Jim Broadbent pour donner encore plus de prestige à cette gentille production.
Si l’on regrette et apprécie à la fois qu’on coupe les coins ronds à de nombreux endroits, comme le rôle de ses parents qui devient plus symbolique qu’autre chose, soit la mère encourageante et le père découragé, on aimerait néanmoins que le film soit plus que ce qu’il a à offrir. Si l’on aime sa joie de vivre contagieuse et son fort aspect rassembleur, on sait aussi que le film changera très peu de chose et apportera bien peu en retour. Sauf que le temps d’un instant, il aura le mérite de faire du bien et ça, ça vaut pour beaucoup.
7/10
Eddie the Eagle prend l’affiche en salles ce vendredi 26 février.