Déjà reconnu comme étant le film sur l’Égypte qui ne met en scène aucun Égyptien, en plus d’avoir été tourné en Australie, Gods of Egypt pourrait certainement être la comédie la plus involontaire et la plus coûteuse de l’année, mais le résultat est si pitoyable qu’il se contente d’être une aberration.
Pendant un instant, avec ses foules et ses grands espaces aussi imposants qu’intimidants, on a le vague sentiment que Gods of Egypt veut faire revivre les péplums en nous invitant dans l’Égypte antique. Ce vague espoir prendra toutefois rapidement le bord alors que l’abondance d’effets spéciaux de qualité discutable quoique cohérents avec l’ensemble boursoufflé du reste envahira l’espace lorsque les dialogues d’un ridicule abasourdissant ne seront pas en train de nous faire saigner les oreilles, à moitié étouffés par l’insupportable trame sonore. C’est peu dire: soit on ne voit rien, soit on n’entend rien tellement tout est enterré dans la surenchère qui donne le tournis. Quand même Marco Beltrami a du mal à sauver la mise, à l’inverse de quelques rares pièces musicales qui finissent par détonner, disons qu’on est dans un sale pétrin!
Faut dire qu’il ne fallait pas trop en attendre du duo de scénaristes derrière les tout aussi déplorables Dracula Untold et The Last Witch Hunter, alors qu’ici ils s’amusent à démolir à grands coups de massue un autre type de mythes, soit, les légendes de l’Égypte antique (au-delà des noms, disons qu’on doute fort qu’on respecte le matériel d’origine à la lettre). Et sans la vision d’un Tarsem (Immortals) ou d’un Zach Snyder (300), disons que ce qu’on ose appeler un scénario en prend pour son rhume pendant qu’on voit s’écraser au passage des acteurs talentueux dans un ramassis assez impressionnant de moments pathétiques.
C’est que les incohérences ne se comptent plus et qu’on peine à se sentir impliqués dans ses revirements prévisibles d’entre mille (pas mal tout arrive comme un cheveu sur la soupe, ce qui surprendrait si on n’était pas aussi désemparés par le manque d’intérêt de l’ensemble), enlevant tout sentiment d’urgence ou même de tension. Franchement, le petit humain qui réussit à toujours défier avec la justesse exacte tous ces Dieux? On veut bien croire que c’est là le but de l’histoire, de démontrer que même le plus petit des hommes est capable de réussir, mais il y a des limites!
Par la suite, on s’attriste de voir se démener les nombreux Gerard Butler, Geoffrey Rush, Brenton Thwaites, Rufus Sewell et autres Chadwick Boseman et Nikolaj Coster-Waldau, dans des représentations absurdes de Dieux et des humains-serviteurs. A-t-on précisé que les Dieux étaient disproportionnés de sorte à mesurer au moins le double de la grandeur des humains? Oui, c’est aussi déplaisant à voir qu’à raconter.
Enfin, dans une pétarade de scènes explosives ô combien arrangées avec le gars des vues, Gods of Egypt, en trois dimensions s’il vous plaît, est un film d’action d’une banalité ennuyante. C’est vite fait, c’est loin d’être bien fait et si l’on peut s’en passer, tant mieux, puisqu’avec autant de niaiseries en un deux heures qu’on aimerait bien récupérer, disons qu’on devrait davantage se replonger dans un bon livre d’histoire pour y apprendre quelque chose au lieu de s’abrutir.
3/10
Gods of Egypt prend l’affiche en salles ce vendredi 26 février.