« Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes »; il pourrait s’agir ici de la phrase centrale du dernier long métrage d’Olivier Asselin, Le Cyclotron.
Qu’est-ce que le meilleur des mondes? Est-ce le même pour tous? Probablement pas. Est-ce qu’un acte quelconque aurait pu changer le cours de l’Histoire? C’est possible. Asselin s’amuse avec notre imagination et nous propose une tout autre alternative.
Asselin nous amène à revisiter, avec intelligence, un évènement marquant de l’Histoire. Dans ce cas-ci, il nous plonge à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’une espionne alliée, Simone (Lucille Fluet), est chargée de tuer Émil (Mark-Antony Krupa), un scientifique allemand qui a découvert les secrets du cyclotron, ainsi que la formule aidant à fabriquer la bombe atomique. Simone et Émil se retrouvent pris en otage par des hitlériens (Paul Ahmarani, Manuel Sinor, Olivier Barrette et Benoit Mauffette) qui veulent mettre la main sur la formule de la fission de l’atome. Le tout se déroule dans un train qui roule vers sa destinée affligeante. Métaphore utilisée par Asselin pour démontrer que nous sommes maitres de notre destin et qu’une décision peut tout changer.
Encore une fois, la vision cinématographique claire et allumée d’Asselin nous transporte dans un univers mélangeant science et histoire (La Liberté d’une Statue – 1990, Un Capitaliste Sentimental – 2008). Comme la séquence finale où il nous propose deux conclusions plausibles, en écran séparé (split screen), qui illustre, en plus, une théorie de la mécanique quantique. Scène marquante et décisive de l’intrigue qui suggère une certaine remise en question sur l’Histoire : et si?
Dans ce film, tourné en majeure partie en noir et blanc, avec des techniques nous rappelant les films muets ou le cinéma des années 40, Le Cyclotron nous présente aussi des images d’archives réelles et fictives. Film qui ne s’approche, toute fois, pas du documentaire. De plus, quelques scènes tournées en couleur nous ramènent les pieds sur terre en exposant des moments concrets de l’Histoire. Par exemple, lorsque les trois hitlériens sortent du bunker et réalisent qu’ils ont perdu la guerre.
L’étrangeté transmise par le film reflète la connaissance d’Olivier Asselin envers le cinéma expressionniste allemand. Le contrôle des ombres et de la lumière, l’exploration de la nuit et en utilisant le symbolisme et la mise en scène pour créer l’atmosphère du suspense. On ressent, aussi, cette étrangeté à travers la bande sonore originale qui accompagne le film parfaitement.
Une direction photo et réalisation remarquable. Un film réfléchi et construit de manière ingénieuse et précise. Le grand retour d’Olivier Asselin se fait avec brio.
Le film prendra l’affiche le 10 février prochain.