Rapide comme l’éclair, le président Donald Trump enchaîne les signatures de décret à la vitesse où il envoie des « tweets ». Mercredi dernier, il a autorisé de par son trait gras la construction d’un mur le long de la frontière sud au détriment de l’environnement et de la diplomatie.
Plus de 600 miles de murs et de barrières ont déjà été construits dans les quatre États qui bordent la frontière avec le Mexique: Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie. Au Texas, ces murs et ces barrières empêchent les gens et les animaux d’accéder au fleuve Rio Grande, une source d’eau vitale pour les communautés et la faune sauvage. En Arizona, le mur nuit à trois aires protégées totalisant 3 millions d’acres. Il s’agit d’un écosystème recevant si peu que trois pouces de pluie par année, un désert qui abrite des espèces en voie d’extinction, alerte l’organisme Defenders of Wildlife. De plus, les écosystèmes des Rocky Mountains, des Sierra Madre Mountains, du Sonoran Desert et du Chihuahuan Desert formant une frontière naturelle à l’est de l’Arizona regorgent d’espèces sauvages qui ne font pas la différence entre les États-Unis et le Mexique.
Le mépris pour les écosystèmes du nouveau président n’est pas surprenant après qu’il ait autorisé la construction de l’oléoduc Keystone XL, mais son acharnement à vouloir remplacer les barrières par des murs et d’ajouter les tronçons manquants pour construire un seul long mur d’un océan à l’autre rappelle certains faits historiques. Les quatre États mentionnés plus haut, auxquels on doit ajouter l’Utah, le Colorado et le Nevada, appartenaient au Mexique avant la Conquête de l’Ouest par les Américains. La construction du barrage Hoover pour alimenter la ville énergivore de Las Vegas a pratiquement asséché le fleuve Colorado se déversant du côté du Mexique.
L’efficacité d’un mur pour bloquer le passage des migrants clandestins qui creusent des tunnels ou qui se cachent dans les véhicules, ou les narcotrafiquants qui s’approvisionnent en armes du côté de la frontière où ils ont l’embarras du choix, peut être remise en question. Ce projet de mur ressemble plutôt à un double affront, le deuxième consiste à savoir qui va payer la facture. Pour le Los Angeles Times du 29 janvier, le coût de 8 milliards $ US avancé par le président Donald Trump est irréaliste, le mur d’un océan à l’autre coûterait environ 38 milliards $ US.
« Ce serait un esclavage absolu d’avoir accès quelque soit la forme, bilatéralement, à l’existence d’un mur qui offusque tout le monde. Pour ma part, il est très important que l’action citoyenne continue. Je ne crois pas que les gens faisant partie du gouvernement vont nous offrir une solution, parce qu’il n’existe pas de voie pour gouverner et parce qu’il n’existe pas de voie pour défendre les intérêts du peuple. Il revient aux gens de se manifester, de protester, en affirmant des propos et en posant des questions gênantes, parce que ce qui est sûr et certain c’est que les choses ne changeront pas autrement, peu importe la raison », a affirmé le cinéaste Guillermo del Toro, natif de la ville de Guadalajara au Mexique, rapporte le quotidien espagnol El Pais du 27 janvier.
D’après un numéro spécial de Courrier international parut en 2014, la construction des barrières de séparation s’est accélérée après la fin de la guerre froide de sorte qu’on en recense une cinquantaine déjà érigées ou en cours d’édification, dont celui divisant les États-Unis du Mexique.
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