Le 10 janvier dernier, Justin Trudeau annonçait la nomination de Chrystia Freeland en tant que nouvelle ministre des Affaires étrangères du Canada pour assurer la succession de Stéphane Dion qui se voit dans l’obligation de quitter la vie politique.
Avec l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis, le premier ministre du Canada considère que l’entrée en poste de Chrystia Freeland sera un atout, étant donné la volonté du nouveau président américain à amorcer une nouvelle ère de rapprochement avec la Russie. « Mme Freeland est experte des dossiers touchant la Russie et parle le russe couramment », a précisé le PM en conférence de presse la semaine dernière. Toutefois, même si l’ancienne ministre du Commerce international est expérimentée en matière de défense des valeurs économiques et d’égalité des chances pour les entreprises canadiennes à l’échelle internationale, elle demeure une lame à double tranchant lorsqu’il est question de défendre les intérêts du pays sur la scène mondiale, plus particulièrement en Europe de l’Est.
Il est vrai que cette ex-journaliste spécialisée en économie possède une expertise internationale, puisqu’elle a amorcé sa carrière de journaliste à titre de correspondante indépendante en Ukraine, avant de poursuivre avec le Financial Times, le Washington Post et The Economist. Elle a donc travaillé et a été publiée aux États-Unis, au Royaume-Uni et à Moscou, entre autres. Native de Rivière-la-Paix en Alberta, elle n’en demeure pas moins fille d’immigrants ukrainiens, une réalité qui la place dans une situation délicate, puisqu’elle reste très attachée à ses origines. En fait, Mme Freeland s’est farouchement opposée à l’annexion de Crimée à la Russie en 2014 et elle fut l’une des premières à proposer l’introduction de sanctions à l’encontre de la Fédération russe alors qu’elle était encore simple députée au Parlement. Ce qui compromet en quelque sorte son impartialité en matière de politique étrangère, surtout dans les dossiers relatifs à l’Europe de l’Est.
Depuis mars 2014, Chrystia Freeland fait partie des 14 citoyens canadiens inscrits à la liste des personnes interdites de séjour sur le territoire russe en lien avec les mesures relatives et répressives imposées au Canada par la Russie. Après cette annonce du Kremlin, elle avait alors écrit, sur son compte Twitter, que c’était « un honneur de figurer sur la liste de sanctions de [Vladimir] Poutine », elle qui dénonce et compare publiquement le régime du président soviétique à une dictature. De plus, à la suite de sa nomination, Mme Freeland s’est montrée catégorique face aux retraits des sanctions canadiennes contre la Russie. Ce qui risque de compromettre un début de dialogue constructif entre les deux nations.
Interrogée par la CBC, Maria Zaharov, une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré que « le retrait des sanctions est un enjeu de réciprocité, une réponse miroir », avant d’ajouter que rien n’empêchait Mme Freeland de rencontrer des responsables russes en dehors de leurs frontières.