Donald Trump est devenu président à midi le 20 janvier. Et à la même minute, toutes les mentions des changements climatiques sont disparues du site de la Maison-Blanche, déclenchant une colère sur les réseaux sociaux. Cette colère vise-t-elle la bonne cible? Pas vraiment. Cinq clés pour comprendre.
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Effacer, c’est normal. Chaque fois qu’un nouveau président entre à la Maison-Blanche, les compteurs sont, littéralement, remis à zéro. La nouvelle équipe met en ligne les informations sur son programme et sur ses priorités, en lieu et place des anciennes informations.
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Que le réchauffement climatique ne figure pas parmi les priorités du nouveau gouvernement n’est pas une surprise. C’est Trump qui a déjà twitté que le réchauffement climatique était un canular inventé par les Chinois. Et il a affiché son désir de se désengager de l’Accord de Paris sur le climat signé l’an dernier. Quant à son entourage, il est peuplé de climatosceptiques : entre autres, le futur ministre de l’Énergie Rick Perry, le futur ministre de l’Intérieur Ryan Zinke, le numéro un de la Maison-Blanche Reince Priebus, et le futur directeur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt.
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Mais effacer ne signifie pas que l’information a disparu. Tous les contenus précédemment affichés sur le Plan d’action sur le climat d’Obama, ou sur sa politique sur les droits des LGBTQ, ou sur sa réforme de l’assurance-maladie, sont désormais à obamawhitehouse.archives.gov. C’est une « procédure standard », comme un billet du blogue de la Maison-Blanche l’expliquait en octobre : « tout comme les sites de la Maison-Blanche sous Clinton et Bush, le WhiteHouse.gov du président Obama sera préservé sur le web après le 20 janvier. »
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Jusqu’où va leur déni de la science du climat ? C’est là une des vraies questions que les journalistes devront creuser dans les prochaines semaines. On a par exemple constaté cette semaine que les membres du gouvernement Trump identifiés comme climatosceptiques ont tous dit, lorsqu’interrogés à ce sujet pendant leurs audiences au Sénat, qu’ils ne croient pas que le réchauffement climatique soit un canular. Mais la suite était plus instructive : le futur directeur de l’EPA, interrogé par le sénateur Bernie Sanders, a admis que l’humain porte une partie de la responsabilité du réchauffement, mais a refusé d’admettre qu’il puisse être le principal responsable. Quant à Rex Tillerson, futur Secrétaire d’État et ex-PDG d’Exxon, il a lui aussi admis la réalité du réchauffement, ce qui ne l’empêche pas d’être partisan de l’exploitation de nouvelles sources de pétrole.
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Quand saura-t-on à quoi s’en tenir sur les futures politiques sur l’environnement et le climat ? Au-delà de la rhétorique électorale et des promesses affichées sur un site web, il y a plusieurs dossiers que suivront journalistes et environnementalistes dans les prochains mois : les règles anti-pollution de l’EPA sur les centrales au charbon seront-elles rapidement éliminées, comme le suggère une des informations — erronées — de la nouvelle Maison-Blanche ? Les républicains tenteront-ils de faire disparaître l’EPA, même si d’autres avant eux s’y sont cassé les dents ? Des coupes budgétaires cibleront-elles la protection de l’environnement ou la recherche scientifique dès cet hiver ? Qu’en sera-t-il de la construction de pipelines ? Faut-il s’attendre à une entente avec la Russie pour l’exploitation du pétrole de l’Arctique — sachant qu’il s’agit d’un projet d’Exxon qui était en voie de réalisation en 2011, et qui avait été bloqué à cause des sanctions contre la Russie. Dans tous ces dossiers, les sites plus spécialisés des ministères et des agences seront de meilleurs indicateurs.