L’utilité de la parole consiste à établir un lien de communication, et non pas sa vitesse – les résultats d’une récente étude, même s’ils semblent contre-intuitifs, ne sont donc peut-être pas surprenants.
Que nous parlions rapidement ou lentement, révèlent les travaux, nous finissons par transmettre de l’information à la même vitesse, puisque les débits rapides comportent moins de données dans chaque phrase.
Cette étude réalisée par des chercheurs de l’Université Brown, aux États-Unis, laisse entendre que nous avons tendance à converser à l’intérieur d’un canal de communication étroit pour que nous ne transmettions pas un volume d’informations trop important ou trop faible à un instant donné.
Selon Uriel Cohen Priva, auteur de l’étude et professeur adjoint au département des Sciences cognitives, linguistiques et psychologiques de l’Université Brown, « il semble que les contraintes sur le volume d’informations par seconde que nous devrions transmettre sont passablement strictes, ou plus strictes que nous ne le pensions auparavant ».
Dans le cadre de la théorie de l’information, des choix de mots plus rares transportent davantage d' »informations lexicales », tandis qu’une syntaxe plus complexe, comme un ton de voix passif, permet de fournir une offre d' »information structurelle » plus importante. Pour demeurer dans le canal de communication déterminé, ceux qui parlent rapidement le font avec des mots plus courants et une syntaxe plus simple, tandis que ceux qui adoptent un rythme plus lent tendent à employer des mots plus rares et inattendus, ainsi que des structures de phrases plus complexes, a découvert le chercheur.
L’étude n’offre qu’un aperçu des raisons expliquant pourquoi un taux d’informations contrôlé pourrait diriger une conversation, poursuit le scientifique. Cela pourrait découler, par exemple, des difficultés d’un orateur à formuler et produire trop d’informations trop rapidement, ou des problèmes d’un auditeur à traiter et comprendre un discours présenté à une vitesse trop élevée.
Hommes et femmes, semblables et différents
M. Cohen Priva a par ailleurs mis au jour une différence essentielle impliquant le genre des interlocuteurs qui pourrait expliquer l’existence d’un possible taux stable de transmission des informations. Cette norme pourrait découler de pressions sociales, pour le bénéfice de l’auditeur.
En moyenne, hommes et femmes respectaient la principale tendance, mais les hommes transmettaient plus d’informations que les femmes selon un rythme de discours semblable. Il n’existe aucune raison de croire que la capacité de transmettre des informations à des rythmes différents varie en fonction du sexe, indique-t-on. Le chercheur soutient plutôt que les femmes pourraient être davantage portées à s’assurer que leurs auditeurs comprennent ce qu’elles disent. D’autres études ont par exemple révélé que lors de conversations, les femmes sont plus portées que les hommes à employer des « canaux alternatifs » ou à offrir des indices verbaux pour confirmer la compréhension des informations alors que le dialogue suit son cours.
Pour M. Cohen Priva, ses travaux pourraient confirmer une hypothèse simple mais lourde de sens: la façon dont les gens parlent dépend de la vitesse à laquelle ils s’expriment.