Cassandre Chatonnier
J’avais tellement aimé la création Kiss and Cry, que je craignais, en entrant dans la salle de l’Usine C, d’avoir trop d’attentes envers le nouveau spectacle Cold Blood. Mais non, dès les premières minutes la création des trois collaborateurs Michèle Anne de Mey (chorégraphe), Jaco Van Dormael (cinéaste), et Thomas Gunzig (auteur), vous transporte dans un univers à la fois magique, et poétique.
Le thème ici abordé, la mort, n’est pas un des plus faciles. Cela aurait pu devenir très lourd, mais le narrateur, de sa voix douce et envoutante, nous amène à considérer cette disparition qui nous attend tous sans tristesse et sans pesanteur, mais simplement comme un évènement. En nous disant « vous », il nous fait vivre plusieurs morts, les nôtres, et nous avons l’impression de vivre un certain nombre de réincarnations. Nous avons droit à des morts tragiques, des morts absurdes, et des morts émouvantes. Et avant chacun de nos départs, une image marquant de ces vies imaginaires nous est proposée: qu’est ce qu’on voit avant le grand départ?
Les procédés employés sont les mêmes que pour Kiss and Cry: ce sont des mains qui deviennent les personnages des récits et les acteurs d’un film qui est réalisé en direct sur scène. Un nombre incroyable d’univers miniatures et d’effets spéciaux sont dévoilés sous nos yeux ébahis. Le dispositif est incroyable en termes de précision. Bref, ces mains qui dansent au milieu d’objets miniatures nous font faire un retour magique dans notre enfance. Moins narratif que Kiss and Cry, Cold Blood nous offre de longs moments visuellement poétiques, qui nous mettent dans un état de contemplation méditative. C’est d’une grande beauté, autant au niveau de la forme que du contenu. J’ai ouï dire qu’il ne reste plus beaucoup de billets, alors, même s’il s’agit de se mettre sur une liste d’attente, n’hésitez pas à aller voir ce spectacle à l’Usine C, présenté jusqu’au 21 février.