Hidden Figures est un feel-good movie parfait pour son époque qui, à l’instar du récent Race et autres films complémentaires, multiplie ses sujets, ses causes et ses préjugés pour mieux rassembler.
Propulsé par les performances engagées de sa forte et fort sympathique distribution, le film, tout comme son sujet d’ailleurs, vise les étoiles et, sans se rendre jusqu’aux confins de la galaxie, se rend assez loin pour satisfaire. De fait, il nous laisse le cœur rempli, l’esprit léger sur certains aspects, mais surtout, l’esprit envahi de réflexions pertinentes ainsi que d’un sentiment d’égalité en ce qui a trait à la justice des uns et des autres, tout comme de la vérité.
Bien sûr, avec seulement deux longs-métrages sur sa feuille de route, Theodore Melfi ne montre pas encore les capacités nécessaires pour créer des classiques instantanés. Néanmoins, il sait toutefois comment habilement s’entourer devant et derrière la caméra, ce, en sachant, malgré un rythme un peu lancinant et pas toujours au point, créer le genre de films qui multiplie judicieusement sa palette d’émotions en gardant le désir formel de nous laisser avec un large sourire aux lèvres (grandissant même) de son début jusqu’à sa fin.
En s’intéressant à un pan honteusement caché de la course aux étoiles durant la guerre froide, soit les trois brillantes femmes afro-américaines oeuvrant pour la NASA et conséquemment derrière la réussite de la première mission dans l’espace, Hidden Figures est ainsi plus ambitieux que son St. Vincent. De plus, il ne concentre plus tous ses espoirs sur une seule vedette et sa complicité avec un jeune premier tout nouvellement venu, comme son film précédent le faisait, mais plutôt sur la constellation gagnante qu’il a composé d’interprètes qui, même s’ils n’ont plus rien à prouver pour la majorité, donne malgré tout au-delà de ce qui leur est demandé.
C’est ainsi le cas de la toujours savoureuse Taraji P. Henson, admirable dans ce rôle tout discret et d’une force tranquille à mille lieues de sa Cookie de la télésérie Empire, mais aussi de la tout aussi excellente Octavia Spencer, de Kirsten Dunst et Jim Parsons bien habiles à jouer d’attachants détestables, même de la belle gueule de service Glen Powell et le peu présent, mais toujours rassurant Mahershala Ali. Et si l’ensemble est surveillé du coin de l’œil par la présence d’un Kevin Costner en pleine forme, c’est surtout, comme c’était le cas dans Moonlight, Janelle Monáe qui surprend encore énormément, montrant à nouveau en deux films et en moins de quelques mois, à quel point elle est bien plus qu’une chanteuse visionnaire.
Pour le reste, le film est bien moins racoleur qu’il ne le laissait présager, même qu’il emplit ses nombreux recoins d’humour et de répliques judicieusement lancées qui restent autant en tête qu’elles fondent en bouche, ce, même dans des situations qui sont d’un grave sérieux. Après tout, la ségrégation n’est jamais très drôle et pourtant, des films comme 42, nous ont bien montré comment en faire des gagnants, rassembleurs et habilement dosés pour ne pas seulement donner dans la revendication comme le peu subtil Straight Outta Compton.
Hidden Figures est donc une valeur sûre qui en offre pour tous les goûts, en plus d’être bien accompagné de nouvelles compositions entraînantes de Pharrell, se montrant comme la meilleure solution pour bien finir ou bien commencer l’année, selon. Un film d’une grande générosité et surtout, d’une admirable chaleur, qui sait offrir sans mal, comme quoi, bien qu’imparfait, un peu comme ses personnages, on saura apprécier et savourer ses petites victoires, ce, une à la fois.
7/10
Hidden Figures prend l’affiche en salles ce vendredi 6 janvier.