Dans un ascenseur, Karine et Malik, dont le semblant de relation avait subitement pris fin, une dizaine d’années auparavant, sont forcés de faire à nouveau connaissance lorsqu’une panne transforme leur cabine en terrain de jeu social et philosophique. Et cet examen de conscience mutuel suscitera bien des révélations, dans Être ou ne pas être un douchebag.
Présentée en formule 5 à 7, dans les coulisses de la titanesque salle qu’est Duceppe, à la Place des Arts, l’oeuvre, écrite et cointerprétée par Mary-Lee Picknell, qui y donne la réplique à Vincent Paquette, a d’abord des allures de comédie de situation.
Après tout, deux anciens amants qui ne s’étaient pas vus depuis des lustres forcés de reprendre contact après une panne d’ascenseur, cela laisse présager des quiproquos et des moments amusants, non? Et si l’humour est certainement au rendez-vous, dans cette proposition d’un peu moins d’une heure, c’est donc la réflexion philosophique sous-entendue dans le titre qui prendra peu à peu toute la place.
Sommes-nous tous le douchebag de quelqu’un? Et qu’est-ce qu’un douchebag, de toute façon? Faut-il parler avec un accent « de la campagne »? Aimer les gros chars? Préférer les courses de tracteurs au théâtre chez Duceppe, tiens?
Ou, au contraire, est-ce quelque chose de plus subtil? S’agit-il d’une façon de se comporter avec les gens? Est-ce l’idée d’agir en matamore désagréable, mais aussi raciste et sexiste sur les bords?
La réponse, du moins celle proposée par Mme Picknell, est non seulement un mélange de tout cela, mais aussi une chose encore plus insidieuse: pour elle, être un douchebag consisterait à agir sans égard aux autres, en s’appuyant généralement sur des préjugés ou des idées préconçues.
Et pendant près d’une heure, donc, on alterne entre les gags et les éléments de réflexion, entre la prise de conscience et la soupape qui permet de relâcher la pression, après une longue journée de travail. Nous sommes en formule 5 à 7, après tout… Il faut probablement conserver une certaine légèreté. Et il n’y a franchement rien de mal à cela, bien entendu.
Sympathique, divertissante, mais invitant aussi à examiner ses propres façons d’agir, histoire de déterminer si notre comportement est véritablement irréprochable, Être ou ne pas être un douchebag est une oeuvre au texte et à la mise en scène plus qu’efficaces. À voir.
Être ou ne pas être un douchebag, de Mary-Lee Picknell, mise en scène de Guillermina Kerwin
Avec Mary-Lee Picknell et Vincent Paquette
Chez Duceppe, jusqu’au 2 mai