L’organisation humanitaire Oxfam « tire la sonnette d’alarme » à propos de la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC): selon elle, la vie de plusieurs millions de personnes serait ainsi en danger.
La raison? La combinaison des conflits armés, qui font toujours rage dans cette région riche en minerais, y compris des terres rares, et de la suspension de l’aide internationale américaine, affirme-t-on par voie de communiqué.
Et qui dit conflits dit généralement infections et maladies; la RDC n’y échappe pas, plaide l’organisation humanitaire, qui fait état d’un manque criant d’hôpitaux et de centres de dépistage, alors que le choléra, mais aussi le Mpox, font des ravages. Pire encore, les combats ont entraîné la destruction d’infrastructures servant à l’acheminement de l’eau potable, et à l’assainissement en général. Avec, évidemment, des impacts importants sur la situation sanitaire dans son ensemble.
« Cette situation est en train de se transformer en une véritable catastrophe humanitaire. Les gens boivent de l’eau provenant directement de rivières et de sources contaminées parce que les réservoirs d’eau et les installations sanitaires ont été détruits. Si l’on ajoute à cela l’effondrement du système de santé, le choléra se répand comme une traînée de poudre », explique Manenji Mangundu, directeur d’Oxfam en RDC.
« Imaginez un hôpital sans fournitures, des gens qui boivent de l’eau non traitée et des patients avec très peu d’argent à qui l’on demande encore de payer pour leurs soins. C’est un vrai désastre. »
Comme si cela ne suffisait pas, la suspension de l’aide internationale fournie habituellement par les États-Unis, au sein de l’agence USAID, vient jeter de l’huile sur le feu. « Ces coupes abruptes représentent une menace immédiate pour 7,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui luttaient déjà pour obtenir de la nourriture, de l’eau et un abri », martèle Oxfam, toujours par voie de communiqué.
Ainsi, les combats auraient entraîné la destruction de « plus de 70 centres de santé et de dépistage » dans la région du Nord-Kivu (est). Faute de services médicaux de base et de matériel, les partenaires d’Oxfam sur le terrain ont signalé, durant la dernière semaine de février, « 326 nouveaux cas de choléra, 269 nouveaux cas de Mpox et 95 nouveaux cas de rougeole ». Toutes des maladies évitables, affirme-t-on. À condition de disposer des ressources nécessaires.
« La communauté internationale doit comprendre que les systèmes s’effondrent rapidement en RDC. Chaque moment d’inaction signifie que de nouvelles vies sont perdues alors qu’elles pourraient être sauvées », souligne encore le directeur d’Oxfam en RDC.
Le climat se met de la partie
Comme si les dangers à court terme que sont l’instabilité géopolitique et les problèmes liés au manque de ressources médicales ne suffisaient pas, voilà que le climat représente lui aussi une menace pour l’est de la RDC.
Dans une note d’information récemment publiée, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le SIPRI, souligne que la crise qui frappe les communautés de cette région du monde est en fait « une crise double », puisque cette zone de l’Afrique est particulièrement vulnérable aux impacts de la crise climatique.
« La RDC fait partie des cinq pays les plus vulnérables au climat », écrit-on, « en partie du fait de son exposition aux catastrophes, des défis socio-économiques et de sa dépendance à l’égard des moyens de subsistance sensibles au climat », lit-on dans le document en question.
En effet, la RDC, riche en ressources naturelles, est particulièrement pauvre, près des trois quarts de sa population vivant avec le strict minimum, selon les normes internationales.
« Par ailleurs, la RDC accueille l’un des plus grands nombres de populations déplacées au monde, avec environ sept millions de gens jetés sur les routes, principalement en raison des conflits armés et de l’insécurité, mais aussi en raison de phénomènes météorologiques extrêmes et de catastrophes naturelles. »
Pire encore, poursuit le SIPRI, ces mêmes catastrophes naturelles viennent empirer les conflits et la détérioration de la situation sécuritaire. Après tout, la raréfaction des ressources, la difficulté d’accès aux soins et à la nourriture, ou encore la disparition des moyens de subsistance en raison des catastrophes, tout cela fragilise la situation socio-économique et accroît les tensions, notamment entre la population appauvrie et ceux et celles disposant de moyens pour accaparer les ressources encore disponibles.
La solution? Pour les auteurs du SIPRI, il n’existe pas de formule magique pour régler la situation rapidement, d’autant plus que les autorités politiques sont faibles, en RDC, et encore plus dans l’est du pays, soumis au banditisme et au clientélisme, quand la région ne fait pas carrément l’objet d’une incursion militaire, notamment de la part des troupes du Rwanda voisin.
Ce qui est essentiel, dit-on, est de tenir compte des questions climatiques dans le cadre de toute solution multipartite visant à permettre à la RDC d’émerger de ce sanglant marasme.