Annuler les réglementations environnementales destinées à limiter la pollution des centrales au charbon, des tuyaux d’échappement des voitures et des cheminées d’usine: ce sont quelques-uns des 31 règlements dont l’abolition a été annoncée mercredi aux États-Unis. Une abolition qui, dans les mots du nouveau directeur de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA), « inaugure l’âge d’or » des États-Unis.
Le nouveau directeur en question a également attribué l’existence de ces règlementations, certaines vieilles de quelques décennies, à la « religion climatique ».
L’EPA, créée en 1970 par un président républicain, Richard Nixon, était ciblée par les idéologues du Projet 2025 — ce document d’un groupe conservateur qui, il y a près de deux ans, traçait les priorités des premiers mois d’une éventuelle présidence Trump. Et la nomination du directeur de l’EPA par Donald Trump annonçait un coup de hache dans l’agence.
Mais les annonces effectuées mercredi — qui n’ont pas encore force de loi — vont encore plus loin que ce que les plus pessimistes envisageaient: dans une vidéo de deux minutes mise en ligne sur X, Lee Zeldin se vante du fait que la mission de l’EPA sera désormais « d’abaisser la facture pour acheter une voiture, réchauffer une maison et diriger une entreprise ».
Nulle part, dans la vidéo, n’est-il fait mention de la protection de l’environnement ou de la santé publique.
Or, la règlementation sur les gaz d’échappement s’appuyait sur le lien entre la quantité de polluants et les problèmes respiratoires. Celle sur les émissions de mercure s’appuyait sur le fait qu’il s’agit d’une neurotoxine —c’est-à-dire associée à des problèmes neurologiques. Qui plus est, la première des deux politiques avait été conçue sous l’administration Biden pour faciliter le passage aux voitures hybrides ou électriques d’ici 2032.
Le nouvel administrateur de l’EPA —qui a fait son annonce par l’intermédiaire de sa vidéo et d’une lettre au Wall Street Journal— ramène également sur le tapis une question qui a déjà fait l’objet de contestations devant les tribunaux: retirer à l’EPA l’autorité légale de réglementer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et autres gaz à effet de serre. Ce pouvoir lui vient d’une décision remontant à 2009, qui suivait un jugement favorable de la Cour suprême, et dont le renversement a toujours été un objectif des climatosceptiques: si on lui retire ce pouvoir, l’EPA n’est plus en mesure d’obliger les constructeurs automobiles, les usines ou les sites d’exploitation pétrolière, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ce n’est pas encore fait, ont nuancé mercredi plusieurs observateurs. Des groupes contesteront cette décision devant les tribunaux, et il faudra que les avocats du gouvernement Trump viennent faire la preuve que les gaz à effet de serre ne posent aucun danger pour la santé publique, en dépit de ce que disent des décennies de données scientifiques.
Attaquer les populations plus vulnérables
Un autre coup de hache dans l’EPA qui pourrait avoir des conséquences sur la santé publique, est la fermeture de ses bureaux régionaux dévolus à ce qui est appelé la justice climatique. Il s’agit des efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre la pollution affectant plus souvent les populations les plus défavorisées. Ces dernières habitent en effet plus souvent à proximité d’autoroutes, de centrales au charbon ou d’usines, et sont plus à risque de développer des maladies cardiaques ou respiratoires.
Plus tôt ce mois-ci, le ministère de la Justice avait justement annoncé qu’il abandonnait les poursuites engagées par l’EPA contre une usine, en Louisiane, accusée d’être responsable d’un haut taux de cancer.
Et depuis l’entrée en poste de la nouvelle administration le 20 janvier dernier, on a pu apprendre que les mots « changements climatiques » faisaient partie d’une longue liste de mots dont la présence dans une demande de subvention pour une recherche mettait à risque de perdre celle-ci.
Les États-Unis sont le plus gros émetteur historique de CO2. Mais au-delà de cette responsabilité héritée du passé, ils sont en train de voir s’accumuler une facture pour le futur: en 2024, ce pays a été le théâtre de 27 désastres naturels représentant chacun plus de 1 milliard de dollars améeircians en dégâts.
Par contre, des groupes ont applaudi. Pour Anne Bradbury, directrice d’un groupe de lobbyistes des compagnies pétrolières et gazières, les annonces de mercredi relèvent du « gros bon sens ».