Des vents qui soufflent du mauvais côté et à plus de 70 000 kilomètres à l’heure. C’est ce qui semble se brasser autour d’une planète située à 900 années-lumière. Un record, mais surtout une énigme.
Notre système solaire a beau être composé de huit planètes très différentes — des rocheuses comme la Terre et Mars jusqu’aux boules de gaz comme Jupiter et Saturne — leurs phénomènes météorologiques ont des structures communes. Un courant-jet (jet stream) de vents puissants dans la basse portion de l’atmosphère, régi par les variations « internes » de température, et des vents dans les hautes couches de l’atmosphère qui sont, eux, affectés par les variations de température créées par le Soleil — parce qu’il éclaire tantôt un côté de la planète, tantôt l’autre.
Pourrait-il s’agir d’une règle de physique inhérente à toutes les planètes? Pas si les observations de WASP-121b se confirment. Sur cette boule de gaz d’une masse comparable à Jupiter qui tourne autour de son étoile en seulement 30 heures, l’atmosphère est composée de trois couches de gaz aux comportements insolites. Ce sont les vents de la couche inférieure qui semblent être régis par la chaleur du Soleil. Le courant-jet est plutôt dans la couche intermédiaire. Et un autre courant-jet se déplace dans la couche supérieure en plus de se déplacer vers l’espace.
Rien de tout cela ne peut s’expliquer par les modèles courants, résument dans la revue Nature les chercheurs de plusieurs pays qui ont analysé ces données, recueillies par le Very Large Telescope (VLT), un observatoire européen situé au Chili. Les données ont permis de tracer pour la première fois une carte 3D de l’atmosphère d’une telle planète.
Découverte en 2015, WASP-121b était d’abord devenue la première exoplanète autour de laquelle on avait détecté une stratosphère, c’est-à-dire une couche supérieure où la température augmente. On y avait aussi détecté de la vapeur d’eau. Cela lui a valu en 2023 de se retrouver dans une courte liste d’exoplanètes auxquelles on a donné un nom formel: Tylos, le nom donné en grec il y a plus de 2000 ans à la lointaine contrée de Bahrein.
Certains des chercheurs qui signent la nouvelle étude en sont à leur deuxième publication en quelques mois sur cette planète, mais ce n’est peut-être pas la dernière: chacun des quatre télescopes du VLT peut observer un objet 4 milliards de fois moins brillant que ce qui est visible à l’oeil nu, et les observations de Tylos sont réalisées avec la force combinée des quatre télescopes.