Les États-Unis sont attaqués: pendant une minute, la grande majorité des systèmes informatiques du pays tombent en panne. Avec, comme résultat, plus de 3000 morts des suites des collisions de trains, des accidents, des appareils médicaux qui cessent de fonctionner… Sur fond de terreur cybernétique, Robert De Niro devra faire la lumière sur cette affaire. Et vite.
En six épisodes bien tassés réalisés par Lesli Linka Glatter et diffusés sur Netflix, Zero Day, du nom d’une catégorie de failles informatiques qui sont inconnues de ses propriétaires, de ses développeurs et autres experts en sécurité, mélange toutes sortes de sujets intéressants: terrorisme, cybersécurité, conspirationnisme (et conspirations), division du peuple américain, drame familial, et pourquoi pas un peu d’armes neurologiques?
Dans la peau de George Mullen, un ex-président ayant quitté la Maison-Blanche après un seul mandat et ayant toujours une bonne cote de popularité, De Niro dirigera la Zero Day Commission, l’organisation ad hoc chargée de découvrir l’identité des auteurs de cette cyberattaque de très grande envergure.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le célèbre acteur est encore capable de jouer. D’autant plus que Zero Day n’est pas seulement une chasse aux sorcières numériques, mais également une réflexion sur les libertés que nous sommes prêts à abandonner au nom de la sécurité collective. Après tout, la commission peut emprisonner des individus sans mandat d’arrêt, et sans que ces gens ne puissent consulter un avocat. De là à faire disparaître l’état de droit, il n’y a qu’un pas.
En ces temps particulièrement inquiétants, chez l’Oncle Sam, où Donald Trump et ses sycophantes semblent s’amuser à établir un record de vitesse pour le démantèlement de la société traditionnelle américaine, en s’en mettant plein les poches au passage, Zero Day évoque les raccourcis que ces élus pourraient être tentés d’emprunter devant la « délinquescence » de l’Amérique.
Six épisodes bien tassés, bref, avec une brochette de très bons acteurs, dont Angela Bassett en présidente américaine; Lizzy Caplan, qui interprète à la fois la fille de Mullen et une représentante élue au Congrès, et Jesse Plemons, un habitué des productions A24, notamment, qui joue ici l’adjoint de Mullen, un adjoint qui a bien des choses à cacher…
Si l’on appréciera bon nombre de rebondissements scénaristiques, ainsi que plusieurs moments très touchants, notamment des échanges chargés d’émotions entre Mullen père et Mullen fille, Zero Day l’échappe au tout dernier épisode, pour n’offrir qu’une finale qui tourne les coins ronds. Ainsi, plusieurs aspects du scénario ont carrément disparu, ainsi que des personnages mystérieux que l’on croyait pourtant importants.
On remettra aussi en question cette volonté d’établir des parallèles entre « ceux qui défendent les pronoms » et les tenants de l’extrême droite. A-t-on voulu épargner la sensibilité d’une partie de la population américaine, y compris le menteur et agresseur qui siège actuellement dans le Bureau ovale? Aux dernières nouvelles, Elon Musk et son salut nazi n’étaient certainement pas associés à la défense des droits des personnes trans…
Bref, dans l’ensemble, Zero Day est une série très solide mettant en vedette un Robert De Niro qui est encore certainement en forme. Il est bien dommage, cependant, que la fin soit bâclée. Dans l’ensemble, cette minisérie demeure franchement divertissante. À voir.