Une étoile géante rouge a changé si vite en quelques années qu’elle est peut-être en train de vivre ses derniers moments avant son explosion finale.
On appelle « supernova » une telle explosion. Et ça pourrait être le spectacle qui attend les astronomes avec WOH G64. Découverte en 1981, c’est une des plus grosses « supergéantes rouges », soit la catégorie des plus grosses étoiles. Cette taille est inhérente à leur fin de vie: ces étoiles, ayant consommé la totalité de leur hydrogène, vivent un déséquilibre gravitationnel qui provoque l’expansion de leur enveloppe extérieure. C’est tôt ou tard suivi d’un effondrement dont il ne restera, au centre, qu’une minuscule étoile —une naine blanche— et cet effondrement peut être accompagné d’une explosion.
Le « tôt ou tard » est par contre un terme relatif en astronomie. On parle d’un processus qui peut s’étaler sur des milliers, voire des dizaines de milliers d’années.
Or, entre 1981 et aujourd’hui, et plus probablement quelque part dans les années 2010, des changements mesurables se sont produits chez WOH G64. La température de l’étoile, du moins telle qu’on peut la mesurer à 160 000 années-lumière, est passée de 3000 à 4500 degrés Celsius, et sa « signature » —les éléments chimiques qu’elle évacue— a changé. En clair, cela signifie qu’une partie de son enveloppe extérieure s’est détachée et que ce qu’on détecte est possiblement l’étoile en train de rétrécir.
Elle ferait à présent la moitié de sa taille initiale, selon une étude prépubliée ce mois-ci, et l’explosion qui marque la fin de cette période d’instabilité, pourrait être imminente. Mais cet événement n’est pas une certitude non plus: il est possible que cette étoile ait un compagnon et que son influence gravitationnelle joue un rôle dans ces transformations en cours.
Quant à l’incertitude sur le moment où cela a commencé depuis 1981, elle vient du fait que WOH G64 n’a jamais été observée de façon systématique. Mais différents observatoires sont en train de l’ajouter à leurs listes de priorités.