Cette semaine aux États-Unis, deux signes d’un virage en science et en santé: le ministère de la Santé (HHS) a ordonné de mettre fin à des publicités sur la vaccination, tandis que l’agence qui étudie les océans et l’atmosphère (NOAA) a évité soigneusement de faire un lien entre les événements météorologiques extrêmes et les changements climatiques.
L’ordre du HHS, que dirige depuis une semaine Robert F. Kennedy —connu pour ses prises de position antivaccins— s’adresse à une de ses agences, le Centre de contrôle des maladies (CDC). Celle-ci doit désormais mettre sur la glace les différentes campagnes de promotion qui avaient été développées pour une variété de vaccins — dont une incitant les adultes à se vacciner contre la grippe, particulièrement virulente cet hiver. En lieu et place, il faudra plutôt mettre l’accent sur le « consentement éclairé ».
Le « consentement éclairé », rappelle le magazine médical STAT, est pourtant d’ores et déjà une pierre d’assise des traitements médicaux: informer un patient des risques et des bénéfices d’un traitement est en effet la norme pour tous les médecins. En revanche, ne pas faire la promotion d’un traitement, par exemple pendant une saison de grippe, symbolise un virage dans les priorités d’un organisme, spécialement un organisme ayant la taille et l’influence du ministère de la Santé des États-Unis: « cela pourrait miner la volonté des gens de se faire vacciner, ou de faire vacciner leurs enfants », juge STAT.
Quant à la NOAA, le symbole de ce virage est apparu lors de la réunion mensuelle de ses experts tenue cette semaine, la première depuis l’arrivée de la nouvelle administration. Ces rencontres servent à faire le bilan des données météorologiques les plus récentes: par exemple, le fait que le mois de janvier ait battu de nouveaux records de température pour un mois de janvier, à l’encontre des prédictions sur l’effet qu’aurait le phénomène météorologique La Nina. Sauf que les chercheurs de la NOAA qui étaient présents, rapporte le New Scientist, ont systématiquement évité de faire un lien entre ces records et les changements climatiques, « même en réponse à des questions directes à ce sujet ».
S’il s’agit de la nouvelle norme, c’est la fiabilité de la NOAA — une autorité reconnue à l’échelle internationale pour la collecte et l’analyse des données — qui sera mise en jeu, puisque l’impact des changements climatiques, après des décennies d’études, ne fait aucun doute.
On savait déjà qu’au cours du dernier mois, des pages contenant les mots « changements climatiques », « science climatique » ou « carbone » avaient été retirées de différents sites gouvernementaux, dont celui de la National Science Foundation, un important organisme subventionnaire, et celui de l’Agence de protection de l’environnement. On a également appris depuis un mois que des subventions de recherches déjà approuvées étaient en attente de révision, pour les mêmes raisons. S’il s’agit là aussi d’une nouvelle norme, l’impact se fera sentir bien au-delà de la climatologie, puisque même des études préparatoires à des projets d’infrastructures —comme la construction de routes et de ponts — intègrent des concepts liés aux changements climatiques.