Près de la moitié des passagers prenant l’avion par plaisir seraient prêts à payer davantage pour que leurs vols émettent moins de gaz à effet de serre. Voilà du moins ce que révèle une récente étude réalisée par des chercheurs de l’Université Macquarie.
Le coup de sonde indique en effet qu’environ 40% de ces voyageurs touristiques sont disposés à débourser plus d’argent pour s’assurer que leur empreinte carbone est moindre, souligne le Dr Tylan Thompson, coauteur de ces travaux publiés dans le Journal of Sustainable Tourism.
Comme l’écrivent les responsables de ce sondage, plusieurs transporteurs aériens offrent de « bonnes, mais coûteuses options » pour réduire le CO2 émis par les déplacements en avion, y compris l’utilisation de biocarburants plus chers, ou embarquer à bord d’avions plus récents qui sont plus écoénergétiques.
Et puisque des services comme Google Flights indiquent déjà aux futurs passagers l’ampleur des émissions carbone à prévoir pour un vol (et à quel point cela s’éloigne de la norme en la matière, le cas échéant), ces informations sont donc déjà disponibles, si les voyageurs veulent diminuer leurs émissions, tout en décidant quel montant ils sont disposés à payer pour ce faire, rappelle-t-on.
Mais si l’étude a effectivement révélé qu’une bonne part de ces touristes sont prêts à payer plus cher pour réduire leur pollution, le coup de sonde a aussi indiqué qu’il existait une forte variation dans la volonté de délier les cordons de la bourse, justement. À une extrémité, environ 60% des répondants ont dit ne pas vouloir payer un sou, alors que d’autres participants ont indiqué qu’ils étaient disposés à payer un bon montant.
Pour obtenir leurs résultats, les chercheurs ont proposé, à des centaines de participants, diverses options pour autant de trajets hypothétiques, avec des prix et des niveaux d’émissions carbone différents, à l’instar de l’information disponible sur Google Flights.
Jusqu’à 150$ US de plus pour un vol Sydney-Melbourne
Si les conclusions de l’étude sont appliquées à un vol habituel entre Sydney et Melbourne, deux grandes villes australiennes, ce qui émet normalement 80 kilogrammes de CO2 pour chaque passager –, alors les passagers sont prêts à payer environ 1,95$ US pour chaque kilo de réduction de CO2 émis.
S’il peut s’agir d’un petit montant, celui-ci augmente rapidement en fonction de la pollution produite par l’avion. Cela voudrait dire payer 150 $US en plus pour un vol carboneutre entre ces deux destinations.
Mais, en moyenne, les répondants veulent payer beaucoup moins cher pour réduire leur pollution aérienne, soit trois cents par kilogramme de CO2, lit-on dans l’étude.
Selon le Dr Thompson, la principale conclusion de l’étude est qu’un grand nombre de passagers sont bel et bien prêts à payer davantage si cela aide à protéger l’environnement, et les transporteurs aériens devraient développer des méthodes de réduction de la pollution. « Il existe un incitatif pour que les compagnies continuent dans cette voie », dit-il.
Dans le cadre du coup de sonde, les chercheurs ont aussi tenté de contourner un problème qui survient lorsqu’il est question de demander aux gens de « poser le bon geste ». Le hic, affirme-t-on, c’est que ces questions sur la « bonne chose à faire » sont hypothétiques et que les réponses des participants ne reflètent pas nécessairement le choix qui serait effectué s’il s’agissait de dépenser de véritables dollars.
Pour surmonter cet obstacle, le Dr Thompson et ses collègues ont créé ce que les économistes appellent une « expérience à choix discret ». Les participants au sondage n’étaient ainsi pas directement appelés à indiquer quel montant ils voulaient payer pour réduire leur pollution en avion. On leur demandait plutôt de choisir entre diverses options de vol, à des prix variables, dont certains produisaient moins de CO2, et d’autres, davantage.
Tout comme sur Google Flights et ailleurs, donc, en plus du coût du vol, les sondés avaient aussi accès à de l’information à propos de l’espace disponible pour les jambes, la possibilité de naviguer sur internet, ou encore sur le type de divertissements numériques offerts en vol (télévision en direct, vidéo sur demande, ou encore diffusion sur un appareil externe).