Partant de désirs valables, cette relecture d’un mythe, tout comme d’un classique surutilisé, avance de stupidité en stupidité, n’arrivant jamais à faire briller ses éléments les plus intéressants. Ce Wolf Man nouveau genre, en gestation depuis des années, déçoit décidément beaucoup et surtout, ne convainc certainement pas.
Artisan touche-à-tout, Leigh Whannell s’est fait connaître grâce à la franchise Saw, dont il a livré le scénario en plus d’y jouer le premier rôle, adaptant en version longue le court-métrage d’origine du même nom conçu avec James Wan, alors lui aussi méconnu.
Continuant d’être à la fois devant et derrière la caméra, Whannell a ainsi pris ses aises dans le genre horrifique en ajoutant une autre franchise à succès à son arc, soit les Insidious. C’est avec cette dernière qu’il est passé au niveau supérieur en se faisant enfin les dents à la réalisation.
C’est toutefois avec Upgrade, sorte de Robocop plus actuel et nouveau genre qui a commencé à attirer l’attention, avant de fasciner avec sa proposition aussi moderne qu’inusitée de The Invisible Man rehaussée par la performance toujours très investie de Elisabeth Moss.
Suite à l’annulation historique du Dark Universe, auquel les studios Universal croyaient pourtant beaucoup, les voilà qu’ils persistent néanmoins à exploiter le filon de ces créatures monstrueuses qui nourrissent l’imaginaire collectif depuis les débuts du cinéma.
Peut-être dans un désir de conserver les droits, peut-être pour d’autres raisons, mais on continue de laisser le producteur Jason Blum et sa bannière émérite Blumhouse, qui s’est un peu brûlée à force de propositions de plus en plus discutables, s’aventurer dans des modernisations de ces personnages.
Après l’amant toxique, on nous sort le père de famille aimant, lui-même coincé dans ses propres daddy issues, qui se retrouvera en plein coeur d’une métamorphose obscure.
Avec son plus gros budget en carrière, Whannell propose tout de même l’un de ses films les plus intimistes jusqu’à présent, où à peine une dizaine de comédiens apparaissent au générique, petits rôles inclus.
On aurait pourtant tendance à se croire entre de bonnes mains. Christopher Abbott et Julia Garner, deux grands chouchous de beaucoup de productions indépendantes, ont démontré, la plupart du temps, leur impressionnant savoir-faire.
Sauf qu’à l’image de la petite Matilda Firth, prise entre les deux et capable du pire comme du meilleur dans son interprétation, on peine à rendre crédible l’ensemble, qu’on essaie à la fois d’humaniser et rendre réaliste. Le tout jusqu’à une certaine limite; après tout, il s’agit quand même de loups-garous.
Disons que l’ensemble serait aidé si les enjeux étaient mieux développés au lieu d’avoir l’air de décisions discutables typiques qu’on rencontre dans les films d’horreur: se tenir près des fenêtres, s’exposer, ouvrir des portes à des créatures, etc. À la place, on mise sur un rythme lancinant qui n’en finit plus d’aboutir, ce qui fait en sorte que la maigre heure et demie de contenu semble durer deux, ou encore trois fois plus longtemps.
Parmi les avenues prometteuses jamais vraiment explorées, on note le travail sur le son et le désir d’isoler les deux univers entre celui du monstre et celui des humains, tout comme ce qui pourrait unifier les deux mondes (l’amour évidemment).
On regrette que la velléité de Whannell d’utiliser les monstres comme prétexte métaphorique pour illustrer de véritables problèmes ne sert pas mieux, ici, cette famille qui bat de l’aile, alors que le virus se répandant dans le personnage principal aurait pu mieux incarner le fossé qui se crée dans ce couple dont la communication et la proximité s’effritent avec le temps.
Cela n’aide pas, non plus, qu’on sous-entend que cette malédiction aurait peut-être quelque chose à voir avec la génétique ou on ne sait quoi, dans un revirement prévisible impliquant le paternel, une décision qui n’est pas très logique.
Alors que le cinéaste a pourtant à coeur la thématique de la famille, et si l’on sent que Whannell a tenté d’illustrer l’une de ces familles qui est confrontée à deux choix déchirants – fuir ou rester et guérir –, on constate que bien des choses ont été laissées de côté lorsqu’est venu le temps de renforcer ce drame conjugal à l’importance surdimensionnée dans le scénario.
Enfin, on se retrouve avec une proposition qui paraît grandement inachevée. S’agit-il vraiment de la version la plus convaincante de ce projet ayant plusieurs fois changé de mains? Il est permis d’en douter.
Surtout qu’avec une finale banale et convenue, dont le dernier plan est attendu et imaginé après à peine cinq minutes, ce Wolf Man lui-même ne semble pas intéressé à débuter une nouvelle franchise.
3/10
Wolf Man prend l’affiche en salle ce vendredi 17 janvier.