De l’éclipse aux olympiques, en passant par le geyser, la réélection de Donald Trump ou encore la multiplication des comédies musicales et la poursuite de la guerre au Proche-Orient, l’année 2024, à l’instar de bien d’autres avant elle, a été déprimante, catastrophique et horrible, avec quelques parcelles de joie ici et là. Et c’est à l’équipe de 2024 revue et corrigée de tenter d’y voir clair… en faisant plaisir à son public, au passage.
Direction le Théâtre du Rideau vert, donc, avec une salle pleine à craquer. Il faut dire que les vedettes d’ici semblent franchement bien aimer cette tradition annuelle. Non seulement par solidarité avec leurs collègues, sans doute, mais aussi parce qu’il existe une chance non nulle que les comédiens sur scène les imitent, les tournent en dérision, ou les encensent, selon leurs agissements de la dernière année.
C’est parti pour cette revue qui, à l’instar du Bye Bye et autres événements du genre, n’a d’autre choix que de ratisser large. Tout y passe, et puisqu’il s’agit d’un spectacle sur scène, et non pas pré-enregistré (à l’exception de certains sketchs), la chose est encore plus drôle lorsqu’un comédien s’égare, s’échappe, réprime un fou rire… Bref, lorsque l’on sent, nous, pauvres spectateurs éreintés par une autre année absurde, que nous ne sommes pas seuls dans cette galère.
Quelques bons, voire très bons coups, dans le désordre: cette série de gags, d’abord, sur l’état des infrastructures à Montréal, y compris un « Village vacances pas de quartier », où les glissades d’eau sont alimentées par les conduites en mauvais état qui finissent par exploser; ces deux « poteux » complètement mal informés qui participent au sit-in, à McGill, pour dénoncer la guerre en Plasticine, surtout dans la Bande de Gazon, où le Hummus est attaqué…
Et si l’on s’esclaffera franchement lors de certains numéros, dont ce résumé du drame au 98,5 FM version Soirée canadienne – oui, c’est possible, et avec chansons de rigodon, s’il vous plaît! –, on se demandera parfois pourquoi certains sujets ont été choisis plutôt que d’autre, comme cette histoire de maire de région franchement coloré dont la ville aurait été aux prises avec une invasion de volatiles.
Encore une fois, il faut ratisser large, et s’il est impossible de plaire constamment à tous, sur tous les sujets, force est d’avouer que les auteurs ont travaillé fort, et que les interprètes ont eux aussi tout donné pour tenter d’ajouter une grosse couche de vernis sur une année de m…
Rendons d’ailleurs hommage à Monika Pilon, qui est ici non seulement excellente dans tous ses rôles, mais qui dégage une énergie qui fait franchement plaisir à voir. À ses côtés, Benoit Paquette, Pierre Brassard et Marc St-Martin en donnent pas non plus leur place. Et que dire de Marie-Ève Sansfaçon, qui reprendra de façon magistrale Céline Dion et sa prestation lors de l’ouverture des Jeux de Paris? De quoi risquer d’être emporté par ses émotions.
Si l’ensemble est grevé par quelques inévitables longueurs, 2024 revue et corrigée démontre encore une fois non seulement le vaste talent de ses interprètes, mais aussi la capacité de transformer 365 jours de défis, reculs et moments de doute en une célébration de la résilience. Le tout dans le contexte d’arts vivants toujours plus mis à mal. À voir.
2024 revue et corrigée, mis en scène par Natalie Lecompte, avec Pierre Brassard, Benoit Paquette, Monika Pilon, Marie-Ève Sansfaçon et Marc St-Martin
Au Théâtre du Rideau vert, jusqu’au 4 janvier 2025
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