Environ les deux tiers (64%) des Québécois branchés s’informent au moins une fois par jour; mais, selon le plus récent rapport NETendances de l’Académie de la transformation numérique, à peine un internaute d’ici sur trois (31%) se dit en mesure de distinguer correctement une fausse nouvelle d’une véritable information. La preuve qu’il existe donc un vaste fossé entre les consommateurs de nouvelles en général et ceux qui s’informent de façon plus éclairée.
Le rapport en question révèle par ailleurs que cette tendance à s’informer et particulièrement importante chez les 55 ans et plus ayant une connexion au web: 81% de ces répondants se tournent vers des médias au moins une fois par jour.
À l’opposé, chez les 18 à 34 ans, c’est moins de la moitié des participants (40%) qui agissent de la sorte. Les membres de ce même groupe d’âge sont cependant les plus nombreux (33%) à s’informer au moins une fois par semaine.
Et devant l’éparpillement des sources d’information, devant la multiplication des plateformes – et surtout, devant la forte baisse des revenus publicitaires –, il existe malgré tout de bonnes nouvelles pour les médias plus traditionnels: 46% des participants à l’enquête ont indiqué qu’ils se tournaient notamment vers les sites web d’information, en 2024, soit une hausse de 9 points de pourcentage par rapport à 2022.
L’utilisation des applications de médias d’information est aussi en hausse, avec 26% d’internautes ayant indiqué se tourner vers leur téléphone pour consulter les nouvelles, un gain de 5 points de pourcentage.
À l’inverse, l’utilisation des réseaux sociaux est en baisse, soit de 44%, en 2022, à 38% des répondants, cette année. L’enquête ne dit toutefois pas si cela découle de la décision de Meta de bloquer les contenus d’actualité sur Facebook et Instagram.
Du reste, les nouvelles sont mauvaises: la télé demeure certes la principale source d’information, ayant été plébiscitée par 60% des répondants, mais il s’agit d’une dégringolade de 12 points de pourcentage. La radio, quant à elle, ait du surplace, avec l’aval de 40% des participants.
En fait, sans grande surprise, ce sont les plus jeunes, les 18 à 34 ans, qui préfèrent principalement les réseaux sociaux pour se tenir au courant de l’actualité, alors que la quasi totalité des 55 ans et plus (et les trois quarts des 35 à 54 ans) choisissent plutôt de se tourner vers les médias traditionnels (télévision, radio, journaux).
Toutes ces informations, tout ce travail journalistique a un prix, d’autant plus que l’illusion de la gratuité, financée à l’époque par les revenus publicitaires sur les sites web, s’est effondrée depuis belle lurette. Pourtant, indique l’enquête, à peine 12% des internautes d’ici paient pour accéder à des contenus médiatiques en ligne, soit le même taux qu’en Espagne, et légèrement derrière l’Allemagne (13%).
Et la plus récente édition du Reuters Institute Digital News Report permet d’indiquer qu’au Canada dans son ensemble, cette proportion augmente légèrement, à 15%. Il y a cependant bien loin de la coupe aux lèvres comparativement avec la Norvège, par exemple, où 40% des internautes paient pour des nouvelles en ligne. Et même aux États-Unis, le taux (22%) est meilleur que chez son voisin du nord.
Confiance et fausses nouvelles
Même si elle a été largement malmenée ces dernières années, notamment avec l’explosion de la désinformation, y compris pendant la pandémie, la confiance envers les médias demeure relativement importante au Québec, 47% des internautes d’ici accordant une « forte confiance » aux médias traditionnels, contre 40% qui accordent une « confiance modérée ».
À l’opposé, 50% des internautes font modérément confiance aux médias sociaux, et 38% leur font peu confiance, indique encore l’enquête.
Et la méfiance envers les plateformes numériques comme Facebook, Instagram et X, pour ne nommer que celle-là, est plus forte chez les 55% et plus où elle atteint 50%. Elle chute à 35%, chez les 35 à 44 ans, puis à 25%, chez les 18 à 34 ans.
À noter, cependant, que la baisse de la méfiance ne se traduit pas véritablement par une hausse de la confiance, mais plutôt une croissance de la confiance modérée.
En ce qui concerne les fausses nouvelles, un peu plus d’un internaute québécois sur trois (37%) dit rencontrer « très souvent ou régulièrement » de tels contenus en ligne… alors qu’un peu moins du tiers des répondants disent avoir fortement confiance dans leur capacité de distinguer le vrai du faux sur internet.
Pour améliorer cette situation, les mêmes participants à l’enquête croient que la moderéation externe est plus efficace, et non pas la sensibilisation du public. Pourtant, une étude publiée plus tôt cette année révélait que les journalistes étaient moins appréciés du public lorsqu’ils démentaient une information que lorsqu’ils la confirmaient… même si la nouvelle comme tel était bel et bien fausse.