Qu’allions-nous faire dans cette galère? Sur les planches de la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, l’auteur Sébastien Dodge propose Carton rouge, une oeuvre qui, bien franchement, laisse pantois.
Pantois, oui, car si, lors de son entrevue accordée à Pieuvre.ca, M. Dodge évoquait l’importance du militantisme à une époque de grand retour vers la droite et de désintégration climatique, le tout saupoudré d’une bonne dose de poésie, le résultat, lui, verse dans l’incompréhensible, voire le pénible.
Pourtant, les choses semblaient bien commencer, avec cet échange assez relevé à propos de la rage ressentie par bien des gens à propos de l’état actuel de la planète, mais aussi de l’absence de volonté pour pousser la lutte à son paroxysme. Éternel débat, en effet, d’autant plus que le grignotement des écosystèmes et des droits est suffisamment lent pour éviter un mouvement de panique.
On comprend aussi, ensuite, le recours à la récitation de textes poétiques, notamment sous forme de slam. Après tout, il n’y a rien comme le fait d’être un peu champ gauche, parfois, pour réussir à sortir le public de son confort.
Ce que l’on n’arrive vraiment, mais vraiment pas à comprendre, c’est pourquoi Carton rouge passe d’une série d’échanges théâtraux entrecoupés de poésie déclamée ou chantée, à une série de chants ou de récitations où l’on a saupoudré quelques lignes de théâtre traditionnel.
Et encore, on pourrait respecter un tel choix artistique. Sauf que là, il faut se rendre à l’évidence: malgré toute la bonne volonté de M. Dodge, n’est pas chanteur qui veut. Et cette remarque vaut malheureusement pour l’ensemble de la distribution. Les paroles partant un peu dans tous les sens n’aident pas, non plus. Et que dire de ce moment carrément surréel où M. Dodge sort une boîte de rangement en plastique de sous le décor surrélevé de la scène pour en tirer une planète qu’il ira accrocher sur le fond de la scène… avant de ressortir ladite boîte, vers la fin du spectacle, pour y remettre ledit élément décoratif.
Bien franchement, on ne comprend pas le message que cherche à transmettre Carton rouge. Si l’on veut secouer les consciences d’un public matraqué de messages sur le fait que tout va mal, pourquoi offrir une macédoine de chansons et de poèmes bancaux?
Les bases de Carton rouge ne sont pas mauvaises, loin de là. Mais l’exécution et la structure de la chose provoquent une telle confusion, une telle incompréhension, qu’on se demande bien si le message que l’on souhaite transmettre se rendra bel et bien à ses destinataires.
Carton rouge, de Sébastien Dodge, mis en scène par Martin Faucher
Avec Philippe Brault, Sébastien Dodge, Benoit Côté, Myriam Fournier et Anne-Marie Levasseur
Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 7 décembre