Comme c’est souvent le cas lors des conférences annuelles des Nations unies sur le climat, le document final adopté à la fin de celle-ci, après plus de 30 heures de prolongation, en a laissé plusieurs sur leur faim: un mélange de déception — les promesses sont en-dessous des besoins exprimés — et malgré tout de soulagement —une entente vaut mieux que pas d’entente du tout.
Trois choses à retenir de cette entente.
- 300 milliards par an d’ici 2035. Les pays en voie de développement estimaient les besoins à 1300 milliards par an —adaptation à la transition énergétique et aux changements climatiques et réparation des dommages actuels et futurs causés par les inondations, canicules, tempêtes, etc. L’entente évoque plutôt une cible, pour les pays développés, « d’au moins » 300 milliards par an, à atteindre « d’ici 2035 ». « Trop faible, trop tardif, trop ambigu », a réagi le délégué Ali Mohamed, du Kenya, au nom du groupe africain.
La cible de 1300 milliards est évoquée, mais davantage comme un souhait: on énumère à titre hypothétique des dons de compagnies privées, de philanthropes, les banques de développement ou des taxes sur les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. On évoque aussi les autres pays, comme la Chine, puisque les 300 milliards, eux, sont un engagement spécifique aux gouvernements des pays riches.
Pour mémoire, il avait fallu plus d’une décennie pour atteindre, en 2023, la cible de 100 milliards par an du Fonds vert, ce fonds d’aide à l’adaptation des pays en développement.
L’insistance sur la participation d’acteurs comme les compagnies est toutefois un élément nouveau, par rapport à l’époque de la création du Fonds vert. La participation de ces nouveaux acteurs pourrait compenser, en théorie, la lenteur des pays riches à s’engager. Une chose à surveiller dans les prochaines années.
- Une avancée pour le marché du carbone. Séparément, une entente est intervenue sur des lignes directrices définissant un marché international du carbone. Il s’agit d’un aspect qui avait été laissé en plan dans l’Accord de Paris en 2015 et était en négociations depuis tout ce temps. Il pourrait faciliter la tâche des investisseurs privés, mais surtout des gouvernements lorsqu’ils doivent mettre un prix sur, par exemple, la fermeture d’une centrale au charbon, la construction d’un parc d’éoliennes ou la reforestation. Avec cette obligation de transparence, les pays riches pourraient acheter des droits d’émission aux pays plus pauvres. La contrepartie est que, comme le reste des ententes dans le cadre des COP annuelles, il n’y a pas d’obligation légale, donc pas de pénalité pour les pays qui refuseraient de participer au marché.
- Une ambiguïté dans la sortie des énergies fossiles. L’an dernier, un appel à une « transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles » avait été obtenu à l’arraché, au grand déplaisir de l’Arabie saoudite. Cette année, cette formulation ne se retrouve plus dans le document final: un symbole des pressions exercées ces dernières semaines par les États pétroliers. La formulation elle-même était de toutes façons très vague et laissait la porte ouverte à chaque pays pour définir lui-même sa transition « juste ». Cette année, l’un des documents annexes à l’entente contient une phrase évoquant que « les combustibles de transition » peuvent contribuer à cette « transition juste », ce qui est interprété comme une victoire pour les producteurs gaziers.
Rappelons que cette entente, comme toute entente intervenue à la fin d’une COP, devait être approuvée par près de 200 pays — puisqu’un tel document doit être adopté à l’unanimité, et non à la majorité.