Au cours des derniers 25 ans, la plupart des pays de la planète ont échoué à protéger correctement les droits de leurs citoyens, révèle une nouvelle étude de l’Université du Rhode Island. Pire encore, durant cette même période, affirment les auteurs des travaux, les efforts visant à protéger ces droits ont fait du surplace.
Selon les travaux réalisés dans le cadre du 2024 Global Rights Project, le nombre de pays, sur notre planète, qui reçoivent une note «d’échec» sont aussi deux fois plus nombreux que ceux qui reçoivent la «note de passage» en la matière.
Dans ce portrait de la situation mondiale pour l’année 2024, donc, 62% des 195 pays du monde ont reçu la note «F», ou un échec, c’est-à-dire une note allant de 0 à 59 points, en lien avec leurs pratiques en matière de droits de la personne, alors que moins d’un pays sur cinq (18%) a obtenu des notes allant de 80 à 100 points. Le résultat médian n’est que de 52 points, ce qui marque toutefois une progression de deux points depuis l’édition 2023 du rapport.
« Le renforcement mondial de la tendance au recul démocratique, la hausse des inégalités et la multiplications des gestes de répression dans l’espace numérique me rendent pessimiste quant à l’avenir des droits de la personne », affirme Skip Mark, professeur adjoint en science politique à l’Université du Rhode Island et directeur du Center for Nonviolence and Peace Studies, l’organisation qui supervise l’étude.
« Ce projet démontre que le respect des droits a reculé à l’échelle mondiale, et ce, depuis une décennie. Malgré une augmentation du nombre de lois, d’institutions, d’organisations non gouvernementales et de méthodes technologiques visant à documenter et faire circuler des informations à propos des droits de la personne, les choses empirent. »
Lancé l’an dernier, le rapport évalue quelque 24 droits de la personne dans chaque pays de la planète, en s’appuyant notamment sur des données recueillies par le département d’État américain et par Amnistie internationale, ainsi que sur des informations tirées du State of the World’s Indigenous Peoples Report des Nations unies, entre autres sources.
Des hauts, mais surtout des bas
Selon le classement de 2024, l’Islande, l’Estonie, le Danemark, la Finlande et Monaco arrivent en tête de liste. À l’autre extrémité du classement, on retrouve l’Iran, l’Afghanistan, la Corée du Nord, le Yémen et le Soudan du Sud. Les États-Unis, eux, obtiennent à peine 62,5 points, ce qui leur vaut le 66e rang mondial, aux côtés de la Jamaïque.
Quant au Canada, il est, avec la Grenade, le plus protégeant le mieux les droits de la personne en Amérique du Nord, ayant obtenu 86,8 points.
Le rapport lie aussi les caractéristiques d’un pays, comme son niveau de population et son type de gouvernement, avec ses pratiques en matière de droits de la personne. Selon les données obtenues, l’un des plus importants facteurs permettant de prédire le respect des droits, sur notre planète, est l’adhérence aux principes démocratiques.
Les pays démocratiques ont en effet tendance à respecter davantage les droits de la personne, alors que tous les pays moisissant en fin de classement sont gouvernés par des régimes autoritaires, voire dictatoriaux. Il existe toutefois des exceptions, comme Monaco, qui n’est pas une démocratie, mais qui se retrouve toutefois en tête de liste. Et l’Inde, pourtant démocratique, mais qui n’obtient que 41 points, pour une note d’échec.
Par ailleurs, écrivent les auteurs de l’étude, les pays en tête de liste et ceux qui croupissent en fin de classement portent à croire que le respect des droits de la personne a aussi à voir avec l’emplacement géographique et que, sauf exceptions, les pays plus riches ont tendance à mieux protéger ces droits.