Il aura fallu attendre plus de trois décennies avant que Tim Burton ne réalise Beetlejuice Beetlejuice, une suite à son long-métrage culte de 1984. Avec un film disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, est-ce que cette longue attente en valait la peine?
Trente-six ans après les événements du premier Beetlejuice, Lydia Deetz anime la très populaire émission paranormale Ghost House produite par son fiancé Rory, dans laquelle elle utilise sa propre expérience avec les fantômes pour faciliter la cohabitation, pas toujours évidente, entre les vivants et les morts. Elle n’est cependant pas en très bons termes avec sa fille Astrid, qui ne croit pas au surnaturel et pense que sa mère profite de la naïveté des gens pour s’enrichir à leurs dépens.
Lorsque son père, Charles Deetz, meurt suite à un tragique écrasement d’avion, la médium retourne à la maison familiale de Winter River pour les funérailles, que sa belle-mère Delia a tôt fait de transformer en performance pseudo-artistique. Lydia est tourmentée par des visions fugaces de Beetlejuice, et lorsque sa fille se retrouve piégée dans l’au-delà par un revenant mal intentionné, elle n’hésitera pas à prononcer trois fois le nom de l’infâme bio-exorciste afin de demander son aide pour la secourir.
En 1984, Beetlejuice a séduit le grand public en abordant des sujets comme la mort et l’au-delà avec une légèreté et un humour surprenant, tout en opposant une petite ville américaine digne d’un tableau de Norman Rockwell aux créatures sombres et surnaturelles peuplant les limbes. Tous ceux qui apprécient cette comédie inclassable se sont réjouis d’apprendre que Tim Burton assurerait la réalisation de cette suite, qui rend hommage au film original, peut-être même un peu trop, sans malheureusement faire preuve de la même originalité ou de la même audace.
Beetlejuice Beetlejuice revisite la plupart des éléments ayant fait le succès du premier long-métrage: un au-delà complètement sclérosé par la bureaucratie, des gens transportés dans la maquette miniature de Winter River, la porte dessinée à la craie sur le mur créant un passage vers le monde des morts, ou le guide pour les personnes récemment décédées. En dehors de toutes ces références, les scénaristes n’avaient pas vraiment de nouvelles idées pour étoffer l’univers, et se contentent principalement de montrer l’évolution des personnages originaux.
Si le film de 1984 a très bien vieilli, on ne peut pas en dire autant de ses effets spéciaux. Bien que ceux-ci ont clairement été bonifiés dans cette suite, Burton met de côté les écrans bleus et opte plutôt pour des effets pratiques. Il reprend sa vision de l’au-delà fortement influencée par l’impressionnisme allemand, avec ses portes et ses arches aux angles prononcés et ses planchers en damier. Il utilise l’animation en stop-motion pour la séquence montrant la mort de Charles Deetz, ou pour les vers des sables géants avec leurs rayures noires et blanches.
À l’exception de Jeffrey Jones, d’Alec Baldwin et de Geena Davis, tous les comédiens principaux sont de retour pour cette suite, à commencer par Michael Keaton, qui se glisse dans la peau du sulfureux Beetlejuice avec le même brio. À l’image du premier film, le réalisateur utilise le personnage avec beaucoup de parcimonie, et n’abuse aucunement de sa présence. Chacune de ses apparitions sont donc un pur régal. Winona Ryder reprend le rôle de Lydia Deetz, et dans celui de sa belle-mère, Catherine O’Hara est toujours aussi délicieusement insupportable et imbue d’elle-même.
Plusieurs nouveaux venus joignent la distribution de cette suite, mais la plupart sont sous-utilisés. Monica Bellucci ne doit pas avoir plus de cinq minutes à l’écran au total, et Danny DeVito n’est présent que dans une seule et unique scène. Jouant le fiancé de Lydia, la performance de Justin Theroux est caricaturale, et assez unidimensionnelle. Jenna Ortega, l’héroïne de la série Wednesday, utilise encore son côté gothique pour interpréter Astrid. Willem Dafoe est très drôle dans la peau d’un comédien ayant trop joué les détectives et qui, une fois décédé, est devenu policier du monde paranormal.
L’édition ultra-haute définition de Beetlejuice Beetlejuice comprend le film sur disque 4K ainsi qu’un code donnant accès à une copie numérique. On retrouve plus de 75 minutes de matériel supplémentaire, dont un Making Of, une revuette dédiée à Beetlejuice, une autre sur les trois générations de femmes de la famille Deetz présentes dans cette suite, et une présentation des nombreux morts peuplant l’au-delà. Un document nous entraîne dans les deux séquences en stop-motion du film, et un autre dévoile les coulisses de la délirante scène de mariage. Une piste de commentaires livrée par Tim Burton conclut le tout.
Même s’il est amusant et qu’il honore le film original comme il se doit, Beetlejuice Beetlejuice mise un peu trop sur la nostalgie, et au final, on ne peut que conclure que, malgré quelques bons moments, cette suite n’était ni vraiment nécessaire, ni indispensable.
6.5/10
Beetlejuice Beetlejuice
Réalisation: Tim Burton
Scénario: Michael McDowell, Larry Wilson et Alfred Gough
Avec: Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Jenna Ortega, Justin Theroux, Willem Dafoe et Monica Bellucci
Durée: 104 minutes
Format : UHD (4K et copie numérique)
Langue : Anglais, français, italien et espagnol