Il y a l’Allemande qui a survécu à la Deuxième Guerre mondiale et à l’occupation, après avoir été endoctrinée et rejoint les jeunesses hitlériennes; il y a celui qui a fui la conscription pour le Vietnam et est venu s’établir au Canada. Et il y a cette jeune femme, fille d’un juif devenu farouche défenseur d’Israël. Les trois se heurteront de plein fouet dans Un 10 décembre à Munich.
Écrit par Johanne Pothier et publié chez Druide, ce roman est davantage trois récits qui s’entrecroisent qu’une seule et même trame narrative. Pourtant, tout semble relier nos trois personnages principaux: ils sont tous trois des musiciens classiques, ils ont tous trois vécu des situations traumatisantes dans leur jeunesse, et, surtout, ils sont tous trois presque écrasés par le poids du passé, celui des parents (et de leurs agissements), mais aussi celui de la marche effrénée de l’histoire.
Il faut dire, aussi, qu’au moment où se déroule notre histoire, la planète bouillonne: nous sommes en 1978, en pleine guerre froide. Il faut aussi évoquer les retombées de la guerre du Vietnam, toujours bien présentes aux États-Unis et en Asie, sans compter les vives tensions au Moyen-Orient, les mouvements de révolte sociale en Europe, les dictatures et autres conflits en Afrique…
Nos protagonistes sont donc coincés dans une période donnant l’impression que les impacts des horreurs de 1939-1945 se font toujours sentir. D’autant plus que des millions de personnes se souviennent encore des massacres, mais aussi des terribles déchirements géopolitiques qui ont suivi.
Chacun à sa façon, nos personnages principaux devront d’abord apprendre à vivre en paix avec eux-mêmes, puis chercher à comprendre l’autre, à l’accepter tel qu’il est.
On pourra peut-être déplorer qu’en un sens, Un 10 décembre à Munich soit largement une collection de retours en arrière, plutôt que d’offrir, peut-être, une perspective contemporaine plus développée. Cela étant dit, l’autrice nous offre une valse tout à fait convaincante d’émotions, de tranches de vie et autres événements historiques majeurs vus par le prisme de l’individu. Tout pour proposer un roman surprenant.
Un 10 décembre à Munich, de Johanne Pothier, publié chez Druide, 429 pages