Est-il possible de n’avoir jamais entendu la musique de John Williams? Peut-être qu’en échappant à certains des films les plus populaires de l’histoire du cinéma, il est envisageable de tout ignorer de ce maître de la musique classique grand public. Quoi qu’il en soit, que l’on admire l’homme depuis bien longtemps, ou qu’on ne le connaisse pas, Music by John Williams vaut le détour.
Lancé en novembre sur Disney+, ce documentaire réalisé par Laurent Bouzereau, qui s’intéresse depuis longtemps au monde du cinéma, est moins une exploration documentaire traditionnelle qu’un hommage bien senti.
Non pas que l’on n’explique pas les origines de ce musicien et compositeur, ses années passées à jouer la musique de toutes sortes d’émissions de télévision ou de films largement oubliés. Ou que l’on ne parle pas de son attrait pour le jazz, ni de son premier contrat comme chef d’orchestre, plutôt qu’uniquement comme musicien.
Le documentaire nous gâte, aussi, en rassemblant certains des plus grands noms du cinéma occidental, notamment Steven Spielberg et George Lucas, qui ont évidemment tous travaillé avec Williams, mais aussi des membres de la famille du compositeur, des amis, des collègues… Il est fascinant, d’ailleurs, d’entendre parler du processus créatif derrière la bande sonore de quelques-uns des films les plus connus des années 1970, 1980 et 1990.
Car ce que John Williams a réussi, c’est de cimenter l’idée que la musique représente parfois la moitié d’une oeuvre cinématographique. Après tout, que seraient Star Wars, E.T., Indiana Jones, Jurassic Park, Jaws, Harry Potter et tant d’autres piliers de notre culture du septième art sans leur bande sonore? Imagine-t-on Darth Vader sans sa Marche impériale? L’intrépide Indiana Jones sans son thème d’ouverture? Un jeune magicien sans l’atmosphère musicale enchanteresse de Poudlard?
Bien sûr, ces idées, cette inspiration ne sortent pas du vide; comme tous les autres artistes, Williams s’est inspiré de ce qui a été conçu, produit, créé avant lui. Comme ces Planètes de Holst, notamment, dont les influences dans Star Wars sont notoires.
Mais en compagnie de réalisateurs talentueux, sans compter son long passage chez les Boston Pops, John Williams aura réussi à non seulement démocratiser la musique classique, en l’associant à des oeuvres particulièrement populaires, mais aussi à redorer le blason de la musique de film, longtemps considérée comme moins noble que la « vraie » musique classique.
Tout cela est fort bien, certes, mais on aurait peut-être apprécié plus de détails sur ce processus créatif, par exemple, dans le cadre du documentaire. On peut comprendre que puisque Disney a commandé un film sur celui qui a créé la bande son de bon nombre de grands classiques de Disney, justement, on a peut-être « lissé » un peu le tout pour rendre l’oeuvre accessible à tous, mais ceux et celles qui souhaitaient aller davantage en profondeur resteront sur leur faim.
Véritable voyage à travers des décennies de succès inoubliables, Music by John Williams demeure peut-être un peu en surface, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un hommage particulièrement bien senti à l’un des membres de ce club sélect des compositeurs de musique de film parfois autant, sinon plus connu que les réalisateurs avec qui ils travaillent. À voir, ne serait-ce que pour réentendre ces notes triomphantes au moment où, sur un ciel étoilé, apparaissent ces mots racontant que des rebelles ont volé les plans de l’Étoile noire…