Lors d’une soirée entre amis de longue date, la veille du mariage d’un certain Reuben, voilà que débarque un étrange individu transportant une tout aussi étrange valise. Ladite valise contient un mécanisme complexe, à l’apparence à la fois artisanale et terrifiante, qui permet carrément d’échanger les esprits entre deux individus. Et dans It’s What’s Inside, récemment lancé sur Netflix, les participants à cette fameuse soirée subiront toutes les conséquences d’une telle technologie…
Scénarisé et réalisé par Greg Jardin, qui signe ici son premier long-métrage, après avoir tâté du court, y compris dans la foulée de la reprise ratée de l’excellente série animée Cowboy Bebop, sur Netflix, le film adopte une ambiance et une atmosphère visuelle qui ne devra pas détonner chez les amateurs de Bodies, Bodies, Bodies, sorti en 2022.
Dans les deux cas, nous avons des adultes laissés à eux-mêmes dans une grande maison, dans un contexte qui s’apparente à un huis clos. Dans les deux cas, nous avons une vaste utilisation de teintes néon, qui évoquent à la fois la caresse psychologique de substances hallucinogènes ou de l’alcool, mais aussi une sorte de monde séparé de la réalité, où tout est possible.
Et, dans un sens, tout est effectivement possible dans It’s What’s Inside: en changeant de corps, on change aussi de vie. Du moins, c’est un peu le message que le long-métrage semble vouloir transmettre, en se concentrant notamment sur la question de la popularité en ligne, sur l’importance du paraître.
Prenez cette thématique tout à fait contemporaine, si ce n’est quelque peu superficielle, et ajoutez-y la possibilité de vous retrouver dans le corps de quelqu’un d’autre et, éventuellement, de procéder à une « renaissance », en quelque sorte, et vous obtenez les ingrédients nécessaires pour un film qui pourrait rapidement devenir psychédélique, voire psychotronique. Avec, éventuellement, l’incapacité de faire la différence entre la réalité et la fiction.
Le hic, c’est qu’en se dotant d’un outil scénaristique aussi puissant que la capacité de téléverser notre esprit dans le corps d’une autre personne, Greg Jardin semble incapable de tirer complètement profit de cette opportunité. Ainsi, oui, les esprits sont échangés, mais on respecte quand même les genres des « partenaires ». On ne tombe pas vraiment, non plus, dans les cas extrêmes, comme par exemple un dysfonctionnement de la machine menant à placer deux esprits dans le même corps, etc.
Pire encore, la fin semble à la fois trop peu ambitieuse et inutilement cruelle. Comme si la prémisse de base du film était liée à l’état de la relation d’un couple en particulier, plutôt qu’à cette capacité de changer d’enveloppe corporelle.
Avec une bonne dose d’idées originales et un style visuel franchement intéressant, les attentes étaient grandes pour It’s What’s Inside. Malheureusement, le film s’essouffle en fin de parcours, sans vraiment repousser les limites. C’est bien dommage!