D’ordinaire, on détecte des traces d’anciennes inondations par des sédiments ou des fossiles marins dans des endroits situés loin du rivage. À Hawaï, c’est le folklore qui a d’abord mis les chercheurs sur la piste d’une telle trace.
Dans une recherche publiée dans l’édition de novembre de la revue Marine Geology, des chercheurs de quatre pays confirment l’existence d’un tsunami : des vagues de huit mètres de haut ont frappé il y a au moins 350 ans l’île de Maui, la deuxième plus grande de cet archipel du Pacifique.
Le point de départ de leur recherche avait toutefois été ce qu’on appelle là-bas moʻolelo, une légende transmise oralement. Celle-ci faisait état de deux dieux qui s’étaient mis en colère parce qu’on leur avait refusé le gîte dans un village de la région de Nu’u. Ils avaient alors détruit un étang à poissons, source de nourriture pour les villageois, avant de partir.
Cette histoire avait été transcrite par un anthropologue en 1922 et les chercheurs modernes y ont reconnu la possibilité d’un tsunami ayant frappé la région. Se mettant en quête de traces, ils ont effectivement découvert des empreintes géologiques — dont la présence de coraux loin à l’intérieur des terres— qui ne peuvent s’expliquer, disent-ils, que par une énorme vague de 8 mètres de haut ayant pénétré jusqu’à 250 mètres du rivage.
Ce tsunami serait survenu entre les années 1400, date des premiers établissements connus dans cette partie de l’île, et 1671.
Les premiers explorateurs européens ne sont arrivés à Hawaï qu’en 1778, et des écrits gardant systématiquement en mémoire les nouveaux tsunamis n’ont commencé qu’en 1812. D’où l’importance, pour ceux qui veulent en apprendre davantage sur la résilience de cet archipel aux tempêtes majeures, de fouiller dans les légendes afin de remonter plus loin dans le passé.