L’élevage de poissons, ou pisciculture, serait-il la solution au déclin des réserves de poissons dans les océans? La question reste controversée depuis plusieurs années, et une nouvelle étude apporte son lot de doutes, en s’intéressant aux poissons… capturés pour nourrir les poissons d’élevage.
C’est qu’un saumon est un gros mangeur. Pour chaque kilo de saumon « produit » en élevage, les estimations varient entre 4 et 5 kilos de poissons qu’il faut pêcher quelque part. Ce qui veut dire que plus la demande en saumons d’élevage va s’accroître, et plus on va voir s’élever la proportion de poissons qui seront pêchés à seule fin de nourrir ces élevages.
Si cela devait se confirmer, on pourrait parler d’un modèle qui n’est pas soutenable à long terme. C’est ce qu’écrivent quatre chercheurs en sciences de l’environnement et en politiques environnementales, dans leur recherche publiée le 16 octobre par la revue Science Advances.
Un bémol: leur travail repose sur des estimations. Mais ils insistent sur le fait que, si leurs estimations sont plus élevées que celles des recherches similaires produites jusqu’ici, c’est parce qu’ils ont bénéficié de données plus récentes sur l’élevage, et surtout, parce qu’ils ont tenu compte des poissons pêchés pour servir de nourriture à poissons, mais aussi pour servir d’huile de poisson.
Qui plus est, ces chercheurs estiment que, déjà, dans des régions de l’Asie du Sud-Est et dans l’ouest de l’Afrique, des segments de la population ne pourraient plus acheter de poissons au marché local parce que les pêcheurs ont la possibilité de les vendre plus cher aux compagnies qui alimentent les élevages.
Certes, disent-ils, on pourrait fournir une alimentation à base de plantes aux saumons et aux autres poissons carnivores. Mais ces plantes, il faudra aussi les faire pousser quelque part, au fur et à mesure que la demande va s’accroître.
L’exception est du côté de l’élevage des fruits de mer: les moules, par exemple, se nourrissent en filtrant l’eau de mer pour en recueillir le plancton et des nutriments microscopiques, une méthode beaucoup plus « économique ».