Les jeux vidéo peuvent souvent permettre de partager des réalités peu connues du grand public, et on peut dire que c’est le cas avec The Mortuary Assistant, un titre d’horreur qui nous met dans la peau d’un… embaumeur!
The Mortuary Assistant se déroule en 1998 dans la petite ville de River Fields au Connecticut. On incarne Rebecca Owens, une jeune femme qui, après avoir terminé sa formation de thanatologue, déniche un emploi de stagiaire au salon funéraire de son professeur, un certain Raymond Delver. Témoin d’étranges phénomènes dès ses premières heures de travail, elle s’aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond. Son patron l’informe alors que des démons sont à l’œuvre. La seule façon de les stopper est de trouver le cadavre dans lequel ils se cachent, puis d’exécuter un rituel spécial pour lier l’entité à la dépouille avant de la brûler dans l’incinérateur. Rebecca saura-t-elle mener à bien cette mission, ou se retrouvera-t-elle tourmentée pour le restant de ses jours par une force maléfique?
On ne peut certes pas reprocher à The Mortuary Assistant de manquer d’originalité. Toutefois, en raison d’une exécution technique qui laisse énormément à désirer, surtout sur les consoles de salon, le jeu s’avère un véritable cauchemar, et ça n’a malheureusement rien à voir avec le fait qu’il explore des thèmes typiques de l’horreur. L’expérience d’embaumement, qui est au cœur du titre, se veut réaliste, mais elle l’est peut-être un peu trop. Il y a tellement d’étapes à effectuer lors de la manipulation des cadavres que le tout finit par ressembler à une longue et pénible corvée n’ayant absolument rien de plaisant ou de divertissant. Les développeurs quant à eux ont considéré que cette simulation était assez intéressante pour ajouter un mode « embaumement seulement » en dehors de la campagne.
Lors d’un embaumement, on doit tout d’abord récupérer le corps dans la chambre froide, l’inspecter minutieusement pour identifier les marques (contusions, kératolyse, etc.), fermer la mâchoire avec l’injecteur à aiguilles, insérer des couvre-œils pour maintenir les yeux fermés, effectuer une incision dans la carotide et la veine jugulaire avec le scalpel, utiliser la pince pour fixer le tube sur deux veines et connecter la pompe d’embaumement, activer la pompe pour vider le corps, retirer les tubes et fermer l’incision, remplir une poche de transfusion vide avec le fluide de cavité, insérer le trocart dans la cavité abdominale, appliquer de l’hydratant sur le visage et finalement ramener le corps à la chambre froide. Ouf.
On ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait été possible de simplifier ce processus tortueux. Par exemple, plutôt que de fournir le fluide d’embaumement, on doit le fabriquer soi-même dans la pompe en combinant du glutaraldéhyde, du méthanol, de l’humectant, du formaldéhyde et du réactif. Le jeu n’indique évidemment pas où trouver tous ces ingrédients dans la morgue, et il faut fouiller un peu partout pour les trouver. La marche à suivre pour identifier correctement le démon se cachant dans un cadavre et procéder à son exorcisme est aussi longue et inutilement complexe. Comme si ce n’était pas suffisant, le processus est chronométré, et on ne dispose que d’un temps limité avant que Rebecca ne soit possédée.
Le titre a clairement été pensé pour une souris et un clavier, et son port sur les consoles comporte une interface alambiquée et des commandes qui n’ont rien d’intuitif, où la moindre action nécessite beaucoup trop d’étapes. La gestion de l’inventaire par exemple est incroyablement pénible. Alors que le jeu nous demande de manipuler un grand nombre d’items, on ne dispose seulement que de deux emplacements pour les plus gros objets, et de huit pour les petits. Il faut sélectionner l’item, cliquer dessus, puis se rendre au milieu de l’écran afin de le lâcher ou de l’utiliser. On doit appuyer sur le X affiché dans le coin supérieur droit pour sortir de la fenêtre d’inventaire. Les contrôles auraient définitivement gagné à être mieux adaptés à la manette de jeu.
C’est la même chose quand vient le temps de remplir la fiche dans l’ordinateur de la morgue après avoir inspecté les différentes marques sur un cadavre. Il faut cliquer sur le champ que l’on désire remplir à l’écran, puis choisir la portion de son calepin contenant les informations que l’on a glanées afin de les transférer. On imprime ensuite le rapport, que l’on doit placer dans le pigeonnier avant procéder à l’embaumement en tant que tel. L’ambiance de The Mortuary Assistant est lugubre à souhait et le titre nous fait bel et bien sursauter à plusieurs reprises, mais ses contrôles frustrants et les interminables étapes requises pour accomplir la plus simple des actions atténuent énormément l’efficacité de l’horreur.
Oui, le concept derrière The Mortuary Assistant est unique et intéressant, mais si le titre vous intrigue, il est fortement conseillé d’y jouer sur PC, avec une souris et un clavier, afin de diminuer les nombreux irritants sur consoles qui donnent à l’expérience l’impression d’être davantage une corvée qu’un jeu.
The Mortuary Assistant
Développeur : DarkStone Digital
Éditeur : DreadXP
Plateformes : Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur PS5)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)