À Berlin, un psychologue américain en instance de divorce travaille sur un livre à propos de l’attrait et du danger de la pensée de groupe, tout en tentant de réparer la relation avec sa fille. Embourbé dans une histoire de culte environnementaliste apocalyptique, il devra tout faire pour tenter de sauver ceux qu’il aime dans A Sacrifice.
Réalisé et scénarisé par Jordan Scott, fille du célèbre Ridley Scott, A Sacrifice, sorti il y a quelques mois, est un exemple d’un film voulant bien faire, mais qui se heurte à l’obstacle majeur d’une histoire clairement incomplète.
Les deux personnages principaux, soit le psychologue et sa fille, respectivement joués par Eric Bana et Sadie Sink, sont en fait deux côtés d’une même médaille, soit une relation familiale meurtrie par une séparation qui semble franchement acrimonieuse. Le premier s’enfuit dans son travail, à des milliers de kilomètres des États-Unis; l’autre cherchera à faire la fête, y compris dans les lieux plus glauques de la capitale allemande.
D’ailleurs, ce qui devait arriver arriva: la jeune Mazzy (Sink) fait la connaissance du beau Martin (Jonas Dassler), avec qui elle se lie d’amitié, avant que quelque chose de plus sérieux ne se développe. Mais Martin cache un sombre secret: grandement perturbé par la mort de sa grand-mère, avec qui il vivait depuis le décès de ses parents, il s’est réfugié au sein d’un groupe environnementaliste qui prône l’abnégation de soi au profit du groupe.
Et pour protéger la planète à tout prix, ce groupe ne suggère rien de moins que le suicide collectif. À sa tête, une femme manipulatrice prête à faire usage de violence pour parvenir à ses fins (Sophie Rois).
Ajoutez à cela une inspectrice aux motivations pas toujours claires (Syvlia Hoeks), et vous pourriez vous retrouver devant un film mêlant enquête policière, culte apocalyptique et cellule familiale en pleine décomposition.
Sauf que… Sauf qu’il manque un gros morceau du scénario pour rendre A Sacrifice plausible. Se suicider pour sauver la planète, vraiment? Dans une perspective extrême, la chose pourrait être logique, soit. Mais quelle est la motivation de la « méchante », dans tout cela? Il n’est aucunement fait mention d’argent qui est versé au groupe, d’influence politique, ou même d’actions violentes pour lutter contre les entreprises, les véritables grands pollueurs de la planète.
Bref, au-delà de contrôler des gens à un point tel qu’il est possible de leur dire de s’enlever la vie, on cherche la motivation de l’antagoniste. On cherche aussi les arguments qui pousseraient vraiment les membres de cette secte à obéir aux ordres. D’autant plus, encore une fois, qu’il n’est jamais fait mention de l’obligation de donner son argent au culte, ou quelque chose du genre.
On se retrouve donc avec une finale un peu sans queue ni tête où les révélations et les coups d’éclat se multiplient, sans que le cinéphile n’y trouve vraiment de justification, ou encore de raison de raison de craindre pour la vie des protagonistes.
Ultimement, A Sacrifice tente de bâtir sur des fondations scénaristiques qui non seulement chambranlantes, mais parfois carrément absentes. De quoi se demander si Mme Scott n’a pas voulu s’inspirer des belles années du cinéma paternel, alors que l’occasion était pourtant belle d’offrir quelque chose d’intéressant et de différent.