Si vous rêvez de gagner un des prix Nobel de science qui seront remis cette semaine, vous avez plus de chances si vous êtes né en Amérique du Nord, si vous êtes âgé de 54 ans. Et bien sûr, si vous êtes un homme. Mais vous avez intérêt à être patient.
C’est le résultat de la compilation qu’a publié la revue britannique Nature: si on ne s’arrête qu’aux prix scientifiques (médecine, physique, chimie), cela représente 346 prix remis à 646 personnes depuis 1901. Un Nobel ne peut être remis qu’à un maximum de trois personnes.
Plus de la moitié de ces lauréats (54%) vivaient alors en Amérique du Nord. Une personne qui n’y est pas née augmente considérablement ses chances si elle a décroché un poste dans une université nord-américaine. Ou, à défaut, dans une université européenne.
L’âge moyen de tous ces lauréats est de 58 ans. Avec un record de 24 lauréats qui avaient 54 ans.
Mais cet âge moyen tend à augmenter. C’est qu’un Nobel est remis pour une percée scientifique qui a eu le temps de faire la preuve de son impact sur la recherche ou la société. Or, il peut s’écouler beaucoup de temps pour cela.
Les lauréats d’avant 1960 ont attendu en moyenne 14 ans entre leur découverte et la cérémonie à Oslo. Ceux honorés dans les années 2010 avaient attendu en moyenne 29 ans. « Et il y a une limite de temps », prend la peine de préciser Nature: le prix ne peut pas être remis à titre posthume.
Sur le long terme, les femmes représentent une infime minorité: dans l’ensemble du 20e siècle, on avait compté seulement 11 gagnantes. Toutefois, sur le moyen terme, leurs chances s’améliorent : 15 prix ont été remis à des femmes depuis 2000, dont l’Ontarienne Donna Strickland en physique, en 2018.
Enfin, il y a les réseaux. Les gagnants émergent souvent des laboratoires d’anciens lauréats. Le plus prolifique sur ce plan aura été John W. Strutt, gagnant du Nobel de physique en 1904, qui a « engendré » 228 « descendants » — si on considère à la fois ses étudiants, les étudiants de ses étudiants, et ainsi de suite. Strutt n’a eu en fait qu’un lauréat parmi ses étudiants, Joseph Thomson, lauréat en 1906. Mais celui-ci aura compté neuf Nobel parmi ses étudiants, qui sont à leur tour devenus des mentors pour d’autres.