Un bilan jusqu’à cinq fois pire qu’estimé: selon une nouvelle étude, les émissions de méthane provenant des sites de stockage de lisier des vaches, dans les fermes laitières, seraient beaucoup plus importantes que prévu. Au dire des chercheurs, toutefois, cette très mauvaise nouvelle environnementale représente aussi une opportunité énergétique.
Selon ces travaux, si ces émissions sont captées et transformées en biogaz, ce méthane émis pourrait valoir environ 1 milliard de dollars par an, pour l’industrie laitière, en termes d’économies en carburant.
La technologie permettant de capter ces émissions existe déjà, et si elle est implantée à la grandeur des fermes laitières de l’Union européenne, affirment les auteurs de l’étude, la conversion du méthane en biocarburant pourrait réduire grandement l’ensemble des émissions polluantes du continent.
La recherche, réalisée par l’Université d’East Anglia et l’International Fugitive Emissions Abatement Association, s’appuie sur des mesures effectuées dans deux fermes laitières de la région de Cornwall, au Royaume-Uni. Les résultats portent à croire que les calculs utilisés par les pays pour rapporter leurs émissions annuelles au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pourraient ne pas être suffisamment solides.
Les documents existants à propos des émissions de gaz à effet de serre rapportent que les émissions provenant directement des systèmes digestifs des animaux sont de trois à neuf fois plus importantes que celles liées à la gestion du fumier, y compris le stockage et l’épandage.
Cependant, les conclusions de l’étude, publiées dans Environmental Research: Food Systems, laissent entendre que ces deux types d’émissions seraient en fait d’une ampleur équivalente. Les chercheurs réclament d’ailleurs que l’on accorde plus d’attention à la gestion des émissions provenant du lisier et du purin.
Une opportunité d’affaires
Selon le professeur Neil Ward, « la méthodologie standard internationale semble être inadéquate pour calculer les émissions de méthane provenant des fosses à purin ».
« Heureusement, nous disposons de la technologie pour transformer ce problème en une opportunité d’affaires pour les éleveurs, qui pourront réduire leur facture d’énergie s’ils capturent et utilisent le méthane comme carburant », a-t-il ajouté, avant d’affirmer que « si les émissions liées à la gestion du purin sont sous-estimées, cela veut aussi dire que les priorités en matière de mitigation pourraient elles aussi être inexactes ».
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont constaté que dans les deux fermes évaluées, les émissions de méthane liées aux sites de stockage de purin étaient de 145 et 198 kg par vache, respectivement. Il s’agit d’un total de quatre à cinq fois plus important que le bilan de 38 kilogrammes de méthane par vache par année, selon les données officielles du Royaume-Uni.
Parmi les recommandations des scientifiques, on trouve une demande pour du financement gouvernemental destiné à l’installation de toits pour les sites de stockage du fumier, ainsi que des subventions pour de l’équipement de traitement du méthane, un gaz particulièrement polluant.
Au dire de la professeure Penny Atkins, « la technologie servant à capter, traiter et utiliser le méthane actuellement perdu dans l’atmosphère et contribuant à l’effet de serre existe déjà ».
« Cette technologie semble prometteuse sur le plan économique, particulièrement si de nouvelles normes et des subventions peuvent être mises en place. »
Toujours selon la Pre Atkins, « la contribution cumulative du méthane provenant des bassins de purin, sur les fermes laitières, est importante et les données démontrent que nous devons agir immédiatement pour réduire les émissions polluantes ».