La difficulté à différencier un fait et une opinion constitue une des causes premières de la dissémination de fausses nouvelles. Des chercheurs tentent donc par différentes façons d’identifier ce qui pourrait aider un maximum de gens à se mettre d’accord sur ce qui constitue un fait.
Et si la marche reste élevée, ont conclu deux chercheurs de l’Université de l’Illinois, c’est parce que, parmi tous nos biais, ce serait le biais partisan qui aurait le plus gros impact. Autrement dit, notre définition d’un fait est grandement influencée par le parti politique pour lequel nous votons.
Au-delà de son importance dans la lutte à la désinformation, « la capacité à différencier entre une déclaration d’opinion et une déclaration factuelle est vitale pour le citoyen qui doit gérer le flot d’information politique qu’il reçoit chaque jour », commente dans le communiqué de l’Université de l’Illinois le politologue Jeffery J. Mondak, du Centre pour la science sociale du comportement.
Les deux auteurs de la recherche, parue dans Misinformation Review, avaient demandé aux participants d’identifier ce qui relevait du fait ou de l’opinion parmi 12 énoncés à saveur politique ou sociale. 46% des participants ont échoué à identifier clairement 6 énoncés ou plus.
Or, quand on analyse leurs erreurs, on remarque que le plus souvent, les participants choisissaient la réponse qui permettait de coller à leur allégeance politique. Le niveau de scolarité, de connaissance de l’actualité, et de capacités cognitives des participants, influençaient uniquement les réponses sur lesquelles ils n’étaient pas biaisés au départ.
Ce n’est évidemment pas la seule étude qui, ces dernières années, a montré que la plupart des gens ont souvent du mal à distinguer le fait de l’opinion. Mais elle rappelle que souvent, le fond du problème n’est pas seulement que les gens sont en désaccord sur des faits, mais qu’ils sont même en désaccord sur ce qui constitue un fait.
Une autre recherche, plus tôt cette année, avait conclu que ça s’étend jusqu’à la perception d’avoir eu des effets secondaires après avoir été vacciné contre la COVID. En mars dernier, une étude de l’Université de Pennsylvanie avait en effet conclu qu’aux États-Unis, plus une région avait voté pour le parti républicain, plus ses patients étaient enclins à prétendre avoir eu des effets secondaires à cause d’un des vaccins contre la COVID.
Plus spécifiquement, une hausse de 10% des votes pour le parti républicain lors de l’élection présidentielle de 2020 semblait être associée, quand on comparait chaque comté, à une hausse de 5% du nombre d’effets secondaires rapportés, et surtout, à 25% plus de chances d’avoir rapporté des effets secondaires graves.
Et un tel biais partisan en santé peut avoir des impacts encore plus graves : en 2022-2023, on a pu mesurer que le taux de mortalité causé par la COVID était plus élevé dans les comtés des États-Unis qui avaient voté le plus pour Donald Trump lors de l’élection de 2020. C’est une donnée qu’on ne peut pas s’empêcher de mettre en lien avec le fait que ce sont aussi les États des États-Unis qui ont le plus voté pour le parti républicain aux élections de 2020, qui ont enregistré les plus faibles taux de vaccination contre la COVID.