Pendant que Moscou continue de faire pleuvoir les missiles sur Kiev, et que ses troupes poursuivent leurs assauts lourdement armés contre le territoire ukrainien, une nouvelle étude de l’Université de Virginie révèle un autre aspect de la vie ukrainienne qui a été particulièrement mis à mal depuis le début de l’invasion russe.
En s’appuyant sur des images satellitaires commerciales et d’autres sources d’information, la professeure adjointe de sociologie Fiona Greeland, en compagnie d’autres chercheurs de l’université, a déterminé que bon nombre d’anciens tertres funéraires ukrainiens avaient été endommagés dans deux régions présentement sous occupation russe, ce qui pourrait représenter une violation du droit international.
Ces sites funéraires importants sur le plan historique, appelés kourganes, ont été bâtis par les anciens peuples vivant autrefois dans la steppe ukrainienne. Ces tertres, d’une hauteur pouvant dépasser les 20 mètres, contiennent des restes humains et des artefacts parfois vieux de 5000 ans.
Selon les images analysées par la Pr Greenland et ses collègues, ces kourganes auraient été endommagés par des lignes de tranchées russes, ou encore des fortifications bâties sur et autour ces tertres.
Les soldats russes pourraient ainsi tirer avantage de ces emplacements pour y établir des positions défensives, ainsi que des emplacements de tir, mentionne l’étude. Si l’on peut effectivement s’attendre à ce que des sites historiques ou culturellement importants soient endommagés en temps de guerre, la Pre Greenland soutient qu’endommager les kourganes pourrait représenter un crime à l’échelle internationale.
Ainsi, au dire des chercheurs, de telles destructions pourraient contrevenir à la Convention de La Haye, un traité international exigeant entre autres de respecter les ressources culturelles pendant un conflit armé.
« Notre analyse révèle des dégâts à ces sites, dégâts qui sont imputables à des actes militaires, mais aussi, possiblement, à des vols et du vandalisme, ce qui ne doit pas être ignoré », affirme la professeure.
Destructions à grande échelle
Toujours au dire de la Pre Greenland, « nous sommes au fait, grâce à des témoignages, qu’il y a une destruction à grande échelle de sites culturels, de sites archéologiques, de musées, d’églises, et ainsi de suite. Mais documenter les impacts situés derrière les lignes de front est très difficile, parce qu’il est trop dangereux d’envoyer des gens sur le terrain pour accomplir ce travail ».
« Nous sommes capables de fournir un aperçu de ce qui se passe dans la zone occupée de Zaporijjia, via des images satellites », a-t-elle poursuivi.
« Nous avons pu reconstruire une ligne du temps, qui commence avant le début de l’invasion, en passant par l’arrivée des unités militaires russes sur les lieux, et les impacts correspondants qu’elles continuent d’infliger à ces anciens sites funéraires. »
De son coté, l’archéologue Kate Harrell affirme que l’équipe de recherche a des raisons de croire que les sites examinés, dans le cadre de l’étude, ne sont pas les seuls exemples de dégâts infligés aux sites archéologiques ukrainiens, en raison de la construction de fortifications russes.
« Il existe des milliers de ces tertres funéraires, et dans cette étude, nous n’avons examiné que deux sites dans la région de Zaporijjia », a-t-elle déclaré. « Il faut poursuivre les vérifications. »