Film fantastique, film fantaisiste, film d’ambiance, voire film d’essai, The Fall a eu droit à peu ou pas de visibilité sur les marchés et les plateformes depuis sa sortie, en 2006. Fort heureusement, le service de diffusion Mubi va reprendre le flambeau avec une version en 4K de cette oeuvre intrigante, après une présentation dans le cadre du festival de films de Locarno, en Suisse.
Réalisé et coscénarisé par Tarsem, The Fall s’inscrit artistiquement dans la foulée de The Cell, précédent long-métrage du réalisateur: une oeuvre artistique, éthérée, visuellement recherchée et riche en effets évocateurs.
En 1915, à Los Angeles, un cascadeur du nom de Roy Walker est hospitalisé après avoir subi une dure chute, lors de son premier tournage, chute qui pourrait lui avoir coûté l’usage de ses jambes. Alité ou transporté en fauteuil roulant, dépressif, il se lie d’amitié avec Alexandria, une fillette d’origine roumaine qui tente de guérir d’un bras cassé.
Ensemble, ils exploreront un monde aussi coloré que sombre, un univers où le personnel de l’hôpital et les patients, Roy compris, formeront les personnages d’une saga épique se déroulant dans des zones mystérieuses et fabuleuses de la planète. Un peu à l’image de ces romans d’aventures mêlant exotisme, action et romance improbable.
À travers les rebondissements de cette histoire, Roy devra apprendre à accepter ses propres limites; destiné à une carrière de cascadeur, le voilà qui pourrait devoir y mettre fin avant même d’avoir fini de tourner un film. Pire encore, il pourrait être confiné à un fauteuil pour le restant de ses jours. Alexandria, elle, semble avoir perdu une bonne partie de sa famille lors d’émeutes violentes survenues dans son pays d’origine. Et en se transportant dans un endroit magique, loin de tout, en enfilant des costumes bariolés aux couleurs vives, nos deux personnages principaux s’évadent, pendant un instant, de ces chambres d’hôpital mornes et synonymes de violence, de douleur et de mort.
Exercice de style réussi, The Fall met en vedette ce qui était alors un très jeune Lee Pace, acteur qu’on a depuis pu voir dans Halt and Catch Fire, mais aussi (et surtout) dans la fantastique série Foundation. Saluons aussi le jeu fort réussi de la jeune Catinca Untaru – son seul crédit pour un long-métrage, d’ailleurs.
Est-ce que The Fall est un classique intemporel? Il est probable que non. Mais ce que Tarsem a réussi, avec cette oeuvre de 2006, c’est de proposer un voyage onirique dans un pays imaginaire aussi envoûtant que coloré. Ce film mal-aimé mérite certainement qu’on y porte davantage d’attention. Espérons que sa restauration en version 4K lui redonnera ses nécessaires lettres de noblesse.