Une autre année, un autre téléphone? Oui… et non. Possiblement bousculée par la course à l’intelligence artificielle, la compagnie Google n’a pas attendu 12 mois avant de lancer le nouveau représentant de sa gamme de téléphones intelligents Pixel. Et si, sur le plan de la performance, cet appareil parvient à se démarquer, sur le plan des ajouts justifiant absolument ce nouvel achat, le consommateur en sera quitte pour chercher ailleurs.
Tout d’abord, les bons côtés: le Pixel 9 vient équipé d’une pile offrant une autonomie nettement plus importante, est doté d’un écran plus lumineux et capable d’afficher des détails plus nets, et dispose de davantage de mémoire vive.
Il faut franchement avouer que ces améliorations dites de « qualité de vie » font une différence: non seulement peut-on se permettre d’attendre plus longtemps avant de rebrancher notre téléphone, mais celui-ci semble pouvoir regagner la moitié de sa charge en à peine 30 minutes… à condition d’utiliser une prise USB-C permettant une recharge rapide. Fort heureusement, le Pixel 9 s’appuie sur une technologie qui a fait ses preuves.
Et même sans penser à rebrancher son téléphone, celui-ci devrait disposer d’une autonomie suffisante pour fonctionner pendant deux jours, voire trois si l’on accepte certains compromis.
L’ajout de mémoire vive, quant à elle, semble avoir eu raison d’un petit problème qui n’était pas nécessairement dangereux, sur les modèles 7 et 8, mais qui pouvait agacer: en changeant d’application, il arrivait que le système d’exploitation Android semble « geler », ou encore « figer ». La chose ne durait jamais plus qu’une seconde ou deux, mais ce journaliste n’a pas renoué avec ce petit irritant au cours de sa période de test du plus récent membre de la gamme Pixel.
On appréciera également la grande qualité des appareils photo embarqués sur les Pixel depuis deux ou trois générations. Que ce soit pour une photo traditionnelle ou un égoportrait, l’application photo embarquée effectue non seulement des prises de vue nettes, mais le traitement subséquent, en quelques instants, donne accès à des clichés franchement très satisfaisants.
L’IA… pourquoi l’IA?
Tout cela vaut-il 1100$ pour le modèle de base? Il est permis d’en douter, bien honnêtement. D’autant plus que pour ce prix, le téléphone ne vient évidemment pas avec un étui, comme c’est la tendance depuis quelques années. Sauf que puisque l’apparence du téléphone est sensiblement la même que pour le Pixel 8, on aurait pu croire qu’il est possible de réutiliser la même coque… Erreur! Le Pixel 9 fait… 0,1 pouce de diagonale en plus, ce qui est suffisant pour forcer à dépenser une vingtaine de dollars afin de se rééquiper.
On notera, aussi, que la version de base du téléphone ne vient d’avec 128 gigaoctets de stockage. Ce qui n’est pas minuscule, certes, mais si l’on s’amuse à créer de la vidéo en très haute définition, ou à prendre des photos en taille maximale, en plus de transférer sa musique sur le téléphone, alors cet espace sera comblé bien rapidement.
Et puisque Google, à l’instar d’autres compagnies, a fait disparaître la fente d’expansion MicroSD, en plus du port audio 3,5 mm, pas moyen d’acheter sa propre carte MicroSD pour compenser. Pourtant, une telle carte se vend à 65$ sur Amazon, pour 512 gigaoctets de stockage. Bref.
Mais ce qui semble être le plus superflu, c’est l’ajout de toutes ces fonctionnalités basées sur l’intelligence artificielle. Comme cette capacité « d’ajouter » une personne dans une photo en prenant d’abord un cliché des personnes présentes, puis en prenant une deuxième photo, cette fois – on peut le théoriser – en croquant sur le vif l’individu qui prenait le premier cliché.
Techniquement, cela devrait offrir une photo où deux personnes (ou plus) sont maintenant réunies sur une seule image. Ou il est possible d’utiliser la fonction minuteur, et peut-être de se bricoler un trépied, au besoin.
Idem pour cette capacité de nous concocter une recette avec ce que Google voit dans notre frigo… Fondamentalement, ce ne sont pas de mauvaises fonctionnalités. Mais on se demande encore, bien franchement, à quoi servent tous ces ajouts esthétiques qui, à quelque part, gaspillent de l’énergie et des ressources d’un centre de traitement de données.
Et donc, oui, on peut dépenser 1100$ pour un téléphone intelligent qui est rapide, puissant, dispose d’un écran clair, prend de très bonnes photos. Mais le consommateur n’a franchement rien à gagner à sortir le chéquier pour une série de services numériques qui semblent tenir davantage de l’esbrouffe que de la véritable innovation.
Soyons audacieux. Osons. Cessons de nous vendre, année après année, sensiblement le même téléphone, à quelques variantes près. N’y a-t-il plus d’ambition, dans le marché des téléphones intelligents? N’y a-t-il plus d’envie de révolutionner le milieu?