Dans une succursale du réseau de bibliothèques de Toronto, Miriam Gordon vit une existence ordinaire, entre la monotonie de ses tâches, l’étrangeté des visiteurs et habitués, et l’ennui d’une vie sans véritables amis, ni relation amoureuse. Tout cela sera rapidement amené à changer dans Darkest Miriam, un drame teinté de romance, mais aussi de bizzareries, le tout présenté dans le cadre du festival Fantasia.
Réalisé par Naomi Jaye et basé sur un roman intitulé The Incident Report, le long-métrage met en vedette Britt Lower, que l’on a découverte avec grand plaisir dans la fantastique série Severance. Cette fois, le travail n’est pas aussi abrutissant que chez Lumon, mais entre les moments passés à jouer à la travailleuse sociale, à l’éducatrice préscolaire, à la femme de ménage et à la conseillère littéraire, il y a peut-être de quoi devenir lentement fou.
D’autant plus qu’une fois la journée terminée, Miriam n’a personne qui l’attend chez elle; son père, dont elle évoquera souvent la mémoire, semble être mort depuis belle lurette. Le seul moment agréable de sa journée est sa période de pause, qu’elle passe dehors, sur un banc de parc, à manger son lunch. C’est là, d’ailleurs qu’elle fera la connaissance de Janko, un chauffeur de taxi également peintre à ses heures, et dont les oeuvres sombres et tourmentées semblent évoquer bien des choses à ceux et celles qui les observent.
Entre les deux naîtra une histoire d’amour particulière, une sorte de mélange de « pis-aller » et de révélation romantique, où chacun semble trouver quelque chose qui lui convient, un amour entre deux adultes au moins dans la fin de la trentaine, si ce n’est le début de la quarantaine, et qui ont clairement été blessés par le passé.
Parallèlement à cette romance, Miriam tombe sur des lettres manuscrites de plus en plus menaçantes à son endroit. Est-elle vraiment visée? Risque-t-elle sa vie en raison de son travail à la bibliothèque? Que vient faire l’oeuvre Rigoletto, abondamment mentionnée par l’auteur anonyme des missives, dans tout cela?
Si Fantasia est le festival du film de genre, il ne faut certainement pas, dans Darkest Miriam, chercher de grandes révélations, des revirements scénaristiques soudains, ou encore l’apparition surprise d’un monstre, d’un extraterrestre, ou encore d’un tueur en série sanguinaire. L’oeuvre est plutôt une étude sociologique des gens ordinaires, ceux qui peuplent nos journées sans que nous en gardions vraiment le souvenir. Et en ce sens, l’effort est intéressant, même si on aurait volontiers pris un peu plus d’étrangeté, un peu plus de bizarre, voire un peu plus d’émotions.