Autant on pouvait reprocher à la télésérie The Boys, dans sa troisième saison, de trop coller à la réalité de plus en plus dystopique de la vie politique américaine, autant cette quatrième déclinaison, toujours présentée sur Amazon Prime, décide de cesser de s’en faire avec cette idée de reproduire les idéologies conservatrices, voire fascistes, des républicains américains, et pousse le tout à son paroxysme. Jusqu’à une finale malheureusement beaucoup trop tirée par les cheveux.
Résumé des épisodes précédents: Homelander, sorte d’amalgame de Superman et de Judge Dredd, le tout agrémenté d’une mégalomanie mortellement violente, poursuit son plan pour assurer la domination des « supers », ces humains dotés de superpouvoirs, sur les États-Unis. Et en cette période d’élection présidentielle, la propagande tourne à plein régime.
Encore une fois, les créateurs de la série n’ont qu’à se tourner vers ce qui passe pour la vérité, du côté du culte de Donald Trump et de ses sycophantes, pour trouver amplement de quoi meubler leurs scénarios. De la célèbre phrase « les femmes ont le pouvoir d’arrêter une grossesse lorsqu’elles sont violées » au Pizzagate, en passant par « les wokes sont des pédophiles voulant pervertir nos enfants », ou encore « des lasers spatiaux juifs contrôlent la météo », tout cela se retrouve dans la série… après être sorti de la bouche de républicains, dans la vraie vie.
À travers tout cela, et pendant que les méchants font progresser un plan pour assassiner le président élu et le remplacer par sa vice-présidente désignée, Victoria Neuman, qui est elle-même dotée de superpouvoirs, nos héros, eux, tentent de survire, tout simplement. Butcher, qui porte The Boys sur ses épaules depuis les débuts, se meurt lentement d’un cancer provoqué par son utilisation excessive du V, le sérum qui donne des superpouvoirs, avec des conséquences à l’avenant.
Hughie, le jeune protégé, est de plus en plus désensibilisé face à la violence horrible qu’il côtoie presque quotidiennement depuis qu’A-Train a tué sa copine en courant à travers elle, au début du tout premier épisode de la série. Est-il en train de se transformer en monstre, à l’image de ceux qu’il combat?
Plus la saison avance, plus nos Boys sont désespérés de pouvoir stopper Homelander, Neuman, ou qui que ce soit d’autre d’important, sans risquer leur propre peau, ou se lancer dans une mission suicide. Oh, il y a bien ce possible virus qui pourrait tuer le grand méchant, mais pour que celui-ci soit suffisamment efficace, la mixture nécessaire serait capable de contaminer tous les superhéros de la planète… Y compris certains membres des Boys. Butcher est-il prêt à ce sacrifice, qui emporterait aussi Ryan, son « fils »? L’épée de Damoclès qui pend au-dessus de lui pourrait bien le pousser à poser des gestes draconiens.
Et bien franchement, on aime ces épisodes déjantés, notamment celui avec des moutons dopés au V qui sont en mesure de voler… et de bouffer tout ce qui bouge. Ou encore cette soirée beaucoup trop olé-olé, forcément chez un riche républicain qui cache ses travers sexuels, soirée qui implique un gâteau (on n’en dira pas plus).
Malheureusement, malgré cette orgie d’absurdité politique, de théories du complot mises de l’avant par des gens qui savent très bien ce qu’ils font; malgré cette violence excessive qui fait rire, tellement elle dépasse parfois l’entendement, on en arrive aux dernières minutes de la finale de la saison et… Et on dérobe le tapis sous nos pieds, entourloupe à la clé, pour étirer ça et amener le tout vers une cinquième saison.
Bien honnêtement, c’est une manoeuvre un peu cheap qui possède des relents de télé dont on étire l’élastique jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Surtout que tout cela s’articule autour d’une révélation de dernière seconde un peu absurde. Non, The Boys n’a jamais cherché à être une série réaliste, mais on cherche toujours une certaine constance, chose qui fait défaut, ici.
Toujours plus excessive, avec un rythme assez rapide pour éviter que l’on s’essouffle ou que l’on devienne triste en pensant aux équivalences avec la situation actuelle, aux États-Unis, The Boys, saison 4, s’effondre malheureusement dans les dernières minutes de son huitième – et dernier – épisode. On ignore franchement si on écoutera la cinquième déclinaison.