Il y a 10 000 ans, un petit groupe de mammouths s’est retrouvé isolé sur une île au large de la Sibérie. Environ 6000 ans plus tard, ils avaient complètement disparu. La génétique nous apprend peut-être pourquoi.
En 2017, des chercheurs proposaient que les mammouths de l’île de Wrangel avaient été victimes d’un effondrement génétique, c’est-à-dire une accumulation de mutations létales qui auraient mené à leur extinction. Cependant, des chercheurs suédois ont publié récemment une étude qui remet cette interprétation en doute.
Les auteurs ont analysé l’évolution génétique de ces animaux sur une période de 50 000 ans, en comparant le génome de 14 mammouths originaires de l’île à celui de sept ayant habité sur le continent avant que les deux groupes ne soient séparés. Selon leur analyse, rapporte le New Scientist. un seul troupeau de moins de huit individus s’était installé à l’origine sur l’île. Ce petit nombre a inévitablement mené à une diminution considérable de la diversité génétique. Par exemple, les chercheurs ont observé de nombreuses pertes de certains fragments d’ADN de même qu’une augmentation des gènes homozygotes, c’est à dire présents en deux copies identiques.
Cependant, la fréquence des mutations potentiellement mortelles a également diminué lorsque les mammouths se sont retrouvés isolés sur l’île. Puisque ce genre de mutations peut avoir des effets catastrophiques sur une aussi petite population, elles auraient été éliminées au bout de quelques siècles. Ce ne sont donc pas des maladies génétiques qui seraient responsables de la disparition de ces mammouths, concluent les scientifiques. En fait, la communauté aurait vécu sur l’île pendant 200 générations, atteignant une population de 200 à 300 mammouths.
Toutefois, même si la sélection naturelle a été efficace pour faire disparaître les mutations graves, elle n’a pas eu raison de plusieurs mutations mineures qui ont fini par s’accumuler dans le génome des mammouths. De plus, la réduction de la diversité génétique aurait affecté l’efficacité de leur système immunitaire.
Dans des conditions normales, cette perte de diversité n’aurait pas été un obstacle à leur survie. Cependant, il est possible qu’ils se soient retrouvés vulnérables à un changement rapide de leur environnement, comme une nouvelle maladie ou une perturbation climatique. Autrement dit, ces mammouths auraient été moins bien équipés pour y réagir et c’est cela qui aurait pu provoquer leur extinction, proposent les auteurs de l’étude.