Ils sont 20: largement des hommes, mais aussi quelques femmes; originaires d’Europe de l’Ouest, de la Scandinavie, de l’Amérique du Nord. Ils parlent espagnol, français, anglais, suédois, islandais, italien… Et, dans un fort intéressant essai, le journaliste et critique littéraire Michel Bélair les rassemble sous leur profession: ils écrivent des polars.
Ah, les polars… Ces enquêtes policières parfois sanglantes, parfois humoristiques, parfois désarmantes, souvent difficiles, tristes, ou encore forçant la réflexion. De portrait en portrait, l’auteur de Noir sur blanc, publié aux éditions Somme toute, nous dévoile un monde rempli de commissaires déprimés, de policiers alcooliques, de détectives abattus par la vie…
Tout cela pourrait sembler franchement déprimant, et il est facile de se laisser abattre par l’horreur du monde, par la violence du quotidien, par tout ce qu’un humain est capable d’infliger à un semblable. Fort heureusement, les personnages de ces auteurs sont peut-être brisés, mais ils se battent encore pour la justice. Ou, du moins, pour une forme de justice. Dans les rues sombres, dans les rases campagnes, ou même dans les froides neiges hivernales, nos héros malmenés continuent de lutter contre les truands, contre les corrompus, contre la lente autodestruction de notre société inégale et imparfaite.
Avec une bien jolie plume, en allant piger dans certains textes déjà publiés dans Le Devoir, où il travaille encore, Michel Bélair nous propose donc 20 titans de la littérature policière, avec un total de plusieurs centaines de romans à leur actif. Il y a les Kerr, bien sûr, les Vargas, les Leon, les Mankell, les Indridason, ou encore les Pelletier…
On pourrait sans doute reprocher à l’auteur de ne se concentrer que sur la lecture policière occidentale. Rien de l’Amérique du Sud, rien de l’Afrique, rien du Moyen-Orient, rien de l’Asie, alors que l’on y trouve des styles non seulement différents, mais aussi particulièrement intéressants, comme les romans policiers japonais, fortement teintés de la présence des yakuzas…
Mais rien n’empêche le lecteur d’aller à l’aventure et de découvrir ces auteurs d’autres pays, d’autres continents. Et puis, est-ce vraiment une omission, si le genre fut d’abord ouest-européen et nord-américain? L’Occident n’a-t-il pas connu Conan Doyle, justement?
Quoi qu’il en soit, même si l’on peut effectivement détecter un certain occidentalo-centrisme, ce Noir sur blanc est une lettre d’amour bien sentie au genre policier, le tout rédigé d’une main de maître. Et pour les amateurs (ou les néophytes), on y fera certainement le plein d’auteurs à découvrir, entre deux ruelles sombres où l’on trouvera le prochain indice…