La nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, est une scientifique qui a participé à deux rapports du GIEC, avec un doctorat en génie de l’énergie. Un mélange rare, pour un pays qui est le 11e producteur mondial de pétrole.
Elle s’est en effet spécialisée dans l’efficacité énergétique et a fait partie des milliers de scientifiques qui, à travers le monde, ont contribué à l’un des chapitres d’un rapport du GIEC (le Groupe intergouvernemental des Nations unies sur les changements climatiques). Et ce, deux fois plutôt qu’une, en 2007 et en 2014, alors qu’elle était professeure à l’Université nationale autonome du Mexique (le travail de rédaction des rapports du GIEC est bénévole).
Toutefois, ce qu’elle va décider en matière de réduction des gaz à effet de serre relève pour l’instant de inconnu : elle a promis en campagne électorale d’investir dans les énergies propres, mais en même temps de poursuivre les politiques favorables aux énergies fossiles du président Andrés Manuel López Obrador, dont elle est l’héritière. Sa victoire, dimanche dernier avec quelque 59% des voix, doit d’ailleurs en partie à la popularité du président sortant, à qui la constitution interdisait de briguer un autre mandat.
En revanche, son premier dossier environnemental pourrait être l’eau. Si la tendance se maintient, Mexico City et ses 23 millions d’habitants pourraient se retrouver sans eau potable dans leurs robinets cet été. Déjà, plusieurs quartiers sont frappés par des pénuries depuis des mois. À l’échelle nationale, la campagne électorale s’est déroulée alors que les Mexicains affrontaient une canicule précoce et une sécheresse prolongée.
Lors d’un événement pendant la campagne électorale, elle a déclaré que la compagnie pétrolière d’État, Pemex, devrait pénétrer « d’autres marchés », c’est-à-dire les énergies renouvelables. Elle a également promis un investissement de 13,6 milliards$ dans ces dernières.
Mais plusieurs environnementalistes et scientifiques, ces derniers jours, ont mis un frein aux espoirs que suscite son militantisme environnemental de longue date et son statut de scientifique. D’une part, elle est la dauphine du président sortant et elle s’est engagée à poursuivre ses politiques, notamment en maintenant la production pétrolière à son niveau actuel. D’autre part, pendant qu’elle était mairesse de Mexico, de 2018 à 2023, elle a déçu ceux qui s’attendaient à une lutte contre la pollution de l’air, problème récurrent dans la mégalopole, en plus des pénuries d’eau.
Son travail de scientifique pourrait toutefois lui venir en aide. En 2015, elle a par exemple co-signé un article qui examinait comment une politique nationale sur l’énergie éolienne pourrait se faire en collaboration avec les communautés locales les plus vulnérables. Et bien qu’elle suive la ligne du président précédent pour qui la production d’énergie gazière et pétrolière devait se faire avec une volonté de réduire la dépendance du Mexique face aux États-Unis, ses propres travaux ont porté dans le passé sur le fait que cette indépendance énergétique pourrait davantage reposer sur les énergies vertes.
C’est sans compter que celle qui est à présent la première femme présidente pourrait faire sa marque sur les droits des femmes, en plus de la lutte contre la criminalité rampante et le haut taux d’homicides.