Ludmilla Chiriaeff a immigré avec sa famille comme réfugiée au Canada en 1952. Elle avait alors 28 ans et rêvait depuis toujours de danse et de liberté. Durant les années qui ont suivi jusqu’à sa mort à Montréal en 1996, elle a dédié son talent, son intelligence et sa détermination à développer la danse au Québec en créant, entre autres choses, les Grands Ballets Canadiens et l’École supérieure de Ballet du Québec. Celle-ci lui rend un vibrant hommage à l’occasion de son centième anniversaire de naissance.
Sous la direction artistique d’Annik Bissonnette, qui a bien connu la grande Ludmilla Chiriaeff, le spectacle met sur scène quelque 120 jeunes danseurs entre 10 et 20 ans, filles et garçons, beaux et talentueux, heureux de danser malgré la discipline rigoureuse qu’exige cette forme d’art.
Le riche programme de la soirée offre des séquences de ballet classique sur des extraits de grandes œuvres musicales telles que Carmina Burana ou Le Lac des cygnes, mais aussi des morceaux traditionnels de musique québécoise, dont deux composés par Gilles Vigneault (qui a connu et collaboré avec Ludmilla Chiriaeff), et qui était présent parmi les spectateurs de la Première.
L’ensemble est très émouvant, joliment chorégraphié et interprété de manière très professionnelle, avec des costumes extrêmement soignés et de très beaux tableaux colorés.
On débute avec des artistes revêtus de grandes tuniques semblables à celles de moniales de quelque couvent, mais dont le rouge flamboyant constitue un vrai cap vers la modernité. Dans d’autres séquences, les tutus et les pointes sont bien présents, mais aussi des costumes qui ressemblent à ceux de nageurs, ou de tenues de ville très soignées.
Et les séquences sont entrecoupées d’intermèdes théâtraux où Madame, comme on l’appelait, apparait dans son parcours de vie, de son arrivée à Montréal à ses ambitieuses réalisations destinées à se transmettre aux nouvelles générations pour contribuer à faire de Montréal l’un des principaux centres de la danse dans le monde.
Des documents d’archives sont projetés sur l’écran géant qui couvre le fond de scène. Une voix off reproduit l’accent de Madame, née à Riga en Lettonie et qui a découvert la danse à Berlin. On découvre grâce à ces documents d’archives l’obstination de cette grande artiste et pédagogue à dédier sa vie à l’amour des autres et de la danse.
Le spectacle est très bien construit pour rendre compte de cette volonté de transmission. Car le Québec était déjà une terre de danse quand Ludmilla Chiriaeff est arrivée. La dernière séquence n’a ni tutus ni pointes, elle se tourne davantage vers la danse contemporaine en intégrant magnifiquement les danses traditionnelles du Québec par de jeunes artistes tout à fait prêts à intégrer les compagnies de danse les plus réputées à l’heure actuelle.
Corps de ballet – Hommage à Ludmilla Chiriaeff
Direction artistique : Anik Bissonnette
Carmina Burana (extrait : O Fortuna)
Chorégraphie : Fernand Nault
Moi, mes souliers…
Chorégraphie : Monik Vincent
Le Lac des cygnes – Acte II
Chorégraphie : Lev Ivanov
La barre de Madame – Hommage
Chorégraphie : Ludmilla Chiriaeff et Gaby Baars
Continuum
Chorégraphie : Jean Grand-Maître
Les héritières
Chorégraphie : Anne Plamondon
Il me reste un pays
Chorégraphie : Sophie-Estel Fernandez
École supérieure de Ballet du Québec